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CIGREF - AFMD - Juillet 2013
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Emploi et mobilité : variations et instabilités structurelles
A l’instar d’autres secteurs d’activités très concurrentiels,
l’emploi dans le numérique
entretient une forte dépendance par rapport à l’évolution des conjonctures
économiques
.
Si la représentation habituelle qui ressort de ce marché est qu’il se situe
dans une dynamique de
pénurie de main d’œuvre quasi structurelle
(
la croissance
des emplois du numérique ne s’est, sur le long terme, pas tarie depuis les années 90),
l’examen plus approfondi des variations de l’emploi montre une
évolution globale vers
l’accentuation des tendances, à la hausse ou à la baisse, de l’activité économique
.
Autrement dit,
l’emploi informatique a tendance à suivre de manière exacerbée la
croissance économique
,
alternant périodes de fortes embauches lors de périodes
de croissance et de licenciements tout aussi importants lors de ralentissements de la
conjoncture économique. Cette instabilité potentielle de l’emploi s’exprime, dans les
entreprises, par des
successions de périodes intenses de recrutement auxquelles se
succèdent des périodes de ralentissement des investissements et des projets.
Si les voies d’entrée dans les métiers du numérique peuvent être multiples, on
sait néanmoins que
le marché du travail est fortement structuré par la place
qu’occupent les SSII comme première étape dans la constitution des carrières
.
Même si celles-ci ne drainent qu’environ 30% des diplômés en moyenne,
leur
influence en termes de socialisation au métier marque fortement les pratiques et
les représentations
.
Nombre d’analystes voient dans le travail de consultant en SSII un
modèle de carrière caractéristique de l’idée de nomadisme de carrière. Cette forme de
carrière désigne des parcours professionnels marqués par de nombreuses mobilités
de projet (et d’employeurs) favorisant la pollinisation des idées et des compétences
à l’échelle d’un secteur donné, mais induisant également
l’idée de mobilité comme
style de vie professionnel.
Il en découlerait des situations paradoxales de fortes
implications au travail malgré de faibles sentiments d’appartenance organisationnelle
durable. Plusieurs analysesmontrent que ce paradoxe conduit souvent les responsables
des ressources humaines à réduire leur champ d’intervention sur les conditions
matérielles de réalisation du travail, en premier lieu à travers la rémunération.
Plusieurs travaux ont cependant conduit à relativiser l’adhésion des informaticiens à
ce modèle de carrière nomade, en montrant la force de la motivation intrinsèque dans
le contenu des projets et dans les conditions de réalisation du travail (en termes de
temps, de ressources, de collaboration, etc.) par rapport à la question du revenu. Si
l’on suit cette perspective, la GRH ne pourrait avoir qu’une influence très marginale sur
le personnel informatique, comme si sa position de force sur le marché du travail et sa
réticence à s’identifier durablement à un employeur donné rendaient nécessairement
peu opérants les dispositifs et pratiques classiques de gestion du personnel.