Page 37 - Gérer la diversité CIGREF-AFMD

Gérer la diversité du genre et de l’âge dans les équipes IT
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Si l’on sait un peu mieux comment vivent les informaticiens « âgés » (cf. notamment
Duplan et al., 2008
10
),
on ne mesure pas encore très bien leur redistribution dans
des fonctions et formes d’emplois distantes de l’emploi salarié dans des fonctions
techniques, ni leur caractère contraint ou choisi, autour de la quarantaine. Ainsi,
l’expérience dans les métiers du numérique peut être valorisée en passant « du côté
du business », ou poursuivre un parcours dans le management en général
.
Mais s’ils
restent dans la filière des métiers du numérique, les informaticiens âgés doivent faire
face à plusieurs mécanismes, le plus souvent implicites, qui concourent à rendre leur
«
seconde partie de carrière » plus difficile.
Tout d’abord, il existe une zone grise autour de laquelle il semble bien difficile d’apporter
quelque éclaircissement définitif : il s’agit de
la question des capacités d’apprentissage
et de performance en matière technique après 40 ans
.
Cette zone d’ombre sert
souvent d’argumentaire justifiant la préférence pour des collaborateurs jeunes dès lors
qu’il s’agit de participer à des projets mobilisant des technologies nouvelles. Si, à notre
connaissance, la recherche n’a jamais porté de réponse spécifique à cette question,
il est certain que plusieurs éléments constitutifs de l’activité informatique et de son
système d’emploi et de formation contribuent à renforcer cette idée d’une plus faible
adaptabilité des âgés à l’innovation technique.
Une dimension de ce problème porte sur la
nature à la fois cumulative et supplétive
de toute nouvelle technologie.
En dehors des technologies de rupture signant le
développement de nouveaux paradigmes techniques, l’innovation technologique
s’inscrit toujours, à un certain niveau conceptuel, dans des genres plutôt communs
(
types de bases de données, types de langages de programmation, de protocoles de
communication, etc.). Cependant, à l’intérieurdeceux-ci,
ledegrédemaîtrisetechnique
nécessite, surtout lorsqu’elles sont liées à des logiciels spécifiques
(
dont on sait que
le modèle économique repose en grande partie sur la captation des utilisateurs et
l’obsolescence des versions nécessitant des réinvestissements ultérieurs),
des phases
régulières d’apprentissage/désapprentissage, les syntaxes, modes de raisonnements,
protocoles, variant et nécessitant une part nécessaire « d’oubli technologique » afin
de mieux s’approprier les nouvelles normes et standards
.
L’obsolescence des compétences :
caractéristique objective du « capital humain »
ou effet des systèmes d’emploi ?
10
Il s’agit de loin de l’étude la plus complète et la plus intéressante à ce sujet. Cf. Duplan,
D., Guillemard, A-M., Perrin-Joly, C. et Poussou-Plesse, M. (2008), Durer au travail dans les métiers
de l’informatique : quelles conditions de possibilité ? Etude sociologique de devenirs de cadres
informaticiens, rapport final, DARES.