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comme nous l’avons développé dans l’ouvrage publié par le CIGREF intitulé
«
». L’innovation peut être définie dans l’entreprise
comme l’exploitation commerciale réussie d’une idée. Comment viennent les
idées ? Elles peuvent venir spontanément. « A
u moment où je mettais le pied
sur le marchepied, l’idée me vint…
» écrivait Poincaré. Mais les idées viennent
aussi en croisant les concepts ou en « hybridant » les objets. Quelques exemples
simples : prendre une tablette et lui trouver un usage à forte valeur ajoutée
dans l’entreprise, pour les commerciaux, pour les techniciens (et pas seulement
pour les membres du comex)... Autre exemple : prendre un objet physique et
le projeter dans l’espace numérique (que serait un verre correcteur
numérique ? tout simplement un verre défini et vendu de façon numérique,
qu’il suffirait ensuite pour le client opticien de réaliser avec une machine de
surfaçage numérique). On retrouve ici le caractère hybride fondamental de ce
monde que nous en sommes encore en train de construire.
L’émergence d’une idée repose sur un certain nombre de facteurs, comme le dit si bien Cédric Villani,
mathématicien et médaille Fields. Je ne citerai pas tous ces facteurs, mais j’en mentionnerai trois
principaux : la documentation, un environnement propice, et des échanges. Or la documentation n’est-elle
pas aujourd’hui immensément rendue disponible par le numérique et les outils de recherche ?
L’environnement propice (qui nous ramène aussi à la culture) n’est-il pas justement créé par cette hybridation
féconde entre virtuel et réel ? Et les échanges ne sont-ils pas amplement favorisés par le collaboratif et les
réseaux sociaux ?
Le numérique est bel et bien source de créativité et d’innovation
.
Abordons enfin
la performance de l’entreprise
. La culture numérique est source de performance tout d’abord
parce que l’innovation, dont nous venons de parler, procure à l’entreprise un avantage concurrentiel. Il est
certes éphémère, d’où la nécessité de l’innovation permanente. Mais la culture numérique est aussi source
de performance parce qu’elle est facteur d’excellence opérationnelle : depuis les débuts de l’automatisation,
l’informatique est source de productivité, mais la culture numérique, quant à elle, apporte aussi fluidité,
rapidité et efficacité dans les échanges, les processus et les transactions.
Le CIGREF ne va pas pour autant défendre une vision angélique de la culture numérique
. Toute culture a
ses richesses, mais aussi ses démons. Georges Braque disait «
la culture engendre la monstruosité
».
Quels
sont les dangers du numérique
, et que faisons-nous pour les identifier et les traiter ? Quelle est notre
responsabilité sociale et sociétale dans cette évolution ? Ce monde hybride que nous sommes en train de
façonner, sommes-nous bien certains d’en assurer la robustesse ? Sans agiter le spectre de « la grande
panne », comment ce monde supporterait-il un effondrement, même de quelques jours, de sa dimension
numérique ? De même, ces identités multiples que nous créons sur la toile, sommes-nous bien certains d’en
maîtriser la vie ? Ou encore, la notion de vie privée existe-t-elle encore ? La législation actuelle, qui tente de
s’adapter à ces nouveaux usages et maitriser leurs dérives potentielles, ne fait finalement que colmater les
brèches, sans véritablement apporter de solution satisfaisante, sans parvenir à réguler les comportements
malveillants ou au contraire naïfs de cette nouvelle économie, de cette nouvelle société.
L’irruption des technologies dans notre quotidien a transformé nos comportements, et nous assistons
aujourd’hui à l’émergence d’une culture numérique. L’entreprise qui sera irriguée par cette culture
numérique (et qui sera capable de la développer), saura en tirer avantage en matière d’innovation comme
de performance, sans oublier d’en identifier les risques potentiels pour pouvoir les traiter.