1967, rapport du Conseil Economique et Social

En 1968, le Conseil économique et social se penche sur la question de l’informatique de gestion. Sa section de la production industrielle et de l’énergie, confie à trois experts, Emmanuel Mayolle, Pierre Lhermitte et Bernard Joseph, la mission de s’informer, aux Etats-Unis, sur l’état de l’électronique mise au service de l’information.

A la suite de ce voyage, Pierre Lhermitte rend un rapport sur les «Conséquences prévisibles du développement de l’automatisation de la gestion des entreprises», adopté en décembre 1967 et publié en 1968 sous le titre « Le pari informatique ». Le rapporteur montre l’importance que va prendre l’informatique de gestion et il dénonce principalement le retard français, les besoins en réseau de transmissions de données et les relations avec les constructeurs. Concernant les transmissions de données, « la télétransmission joue un rôle très important dans l’automatisation de la gestion, et il serait souhaitable qu’un effort particulier soit consacré, dans le cadre du Plan calcul, à ces problèmes ». « Il est donc essentiel que le développement de la transmission de données soit considéré comme une des composantes fondamentales de l’évolution économique de l’industrie française, et que les mesures nécessaires soient prises en temps utile pour qu’aucun frein ne vienne entraver ce développement. Un effort important doit être entrepris, au contraire, (…) il serait extrêmement regrettable que la rapidité du développement de la transmission de données, qui sera encore plus élevée que celle du téléphone, surprenne les autorités responsables comme l’a fait celle du téléphone ».

Sur les relations avec les constructeurs, le rapporteur, dénonce le poids d’IBM (60 % du marché français en 1966), et le fait que « l’informatique de gestion, bien que constituant le marché essentiel des systèmes informatiques, a été traitée jusqu’à présent en parent pauvre (…) Dès lors que l’informatique de gestion se développe en explorant des voies nouvelles, il est indispensable qu’un effort important soit assuré par les constructeurs pour répondre de façon adaptée aux besoins nouveaux (…) Or on doit reconnaître que les utilisateurs de gestion, beaucoup moins bien informés des problèmes techniques que les utilisateurs scientifiques (…) n’ont pas reçu, en général, de la part des constructeurs de matériels l’aide et le soutient qu’ils pouvaient en attendre (…) Pour assurer les contacts nécessaires auprès des constructeurs et obtenir cette aide, il serait souhaitable que les utilisateurs français de la gestion se regroupent dans une organisation officielle sous l’égide du délégué à l’informatique ».

Pour Pierre Lhermitte, « l’automatisation de la gestion marquera très profondément notre économie, modifiera la structure de nos entreprises et transformera notre système d’informations économiques. (…) Il semble pour le moins que l’informatique constituera, au cours des prochaines années, la grande aventure et certainement une des chances de notre industrie. Les changements potentiels et les mutations complémentaires touchant à l’organisation traditionnelle de notre société seront tellement importants, les répercussions sur les hommes conduiront à des modes de pensée si différents, que la mise en œuvre de l’informatique apparaît comme une action de longue haleine ». Il préconise que, « les trois prochaines années soient mises à profit pour assurer la préparation des esprits, prendre les mesures souhaitables au niveau de l’enseignement des jeunes, réaliser les premières expériences pilotes et débrider le goulot physique le plus inquiétant, celui de la transmission ». Il souhaite également « la création d’un groupe de travail mixte Administration-Entreprises, chargé d’étudier une refonte complète du système des échanges d’informations entre l’entreprise et le monde extérieur, est devenue d’une urgente nécessité ».

Ce rapport, publié en 1968, rencontre immédiatement un grand succès auprès des responsables concernés dans les entreprises françaises.

Extrait : Le CIGREF : Un club d’entreprises, acteur majeur de l’évolution des systèmes d’information en France (1970-2010) dans la Revue “Entreprises & Histoire” (déc. 2010)
Rédacteur : Alexandre Giandou


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