Le datagramme de Louis Pouzin à l’aune de l’Internet

datagrammeInventeur du datagramme,
Louis Pouzin a posé une des premières pierres de l’internet

Qu’est-ce que le datagramme ?

A l’ère du Big Data, peut-être avons-nous un peu oublié la naissance des « paquets de données » ! Aussi  faut-il commencer par expliquer ce qu’est le « datagramme » : « paquet de données dans un réseau informatique utilisé par des protocoles orientés non connectés tel que : IPX ou UDP ». La transmission de ce paquet de données encapsulées est dite « non fiable », parce qu’il n’est pas possible de savoir s’il arrive à destination. Le processus est utilisé en informatique : envoi d’un « bloc de données » à une fonction interne de l’ordinateur. Il s’utilise également dans le formatage de fichiers, de compression d’archives ou d’encapsulation de vidéos par exemple. Le concept datagramme a été inventé par Louis Pouzin, avec la collaboration de Michel Monpetit1.

Cette transmission de données se fait à travers toutes les couches de la machine émettrice. En arrivant dans le périphérique récepteur, celui-ci devra désencapsuler les données, autrement dit effectuer le processus inverse en supprimant les en-têtes de protocole, pour que les données soient les mêmes que celles du départ.

Le principe avait été publié pour la première fois 1964, mais sans être utilisé en réseau. A l’époque on parlait de « blocs », pas encore de « paquets ».

Louis Pouzin, inventeur du datagramme

Dès le début des années 60, Louis Pouzin, ingénieur français en informatique né en 1931, ancien élève de l’École polytechnique, s’intéresse aux calculateurs. Il se rend au MIT où il travaille sur le premier projet de gestion en temps partagé (Time Sharing). De retour en France, il travaille pour Météo-France en tant qu’ingénieur de Sacs2, où il conçoit un système d’exploitation permettant de travailler en Temps partagé.

En 1970, après une visite de l’Arpanet américain, il s’intéresse au problème des « adresses physiques », de leur dépendance envers les cartes physiques et au manque d’efficacité du protocole « host to host ».

P-Lhermitte-pari-informatiqueC’est dans le même temps que Pierre Lhermitte3 effectue lui aussi un voyage aux États-Unis, avec deux autres membres du Conseil Économique et Social. Leur objectif : « étudier l’état le plus avancé et le plus développé à la fois de l’électronique mise au service de l’information, que l’on appelle dans ce cas informatique ». A l’issu de ce voyage, convaincu que l’informatique va prendre une place de plus en plus importante, transformer l’entreprise et la société, il décide la création du CIGREF

Pour revenir à Louis Pouzin, il est alors recruté par l’INRIA où il travaille sur le projet « Cyclades », lancé fin 1971 par la Délégation à l’informatique. Son délégué Maurice Allègre, a en effet souhaité voir créer un réseau adapté au transport de données.

Cyclades est une sorte d’Arpanet made in France, destiné à aider les chercheurs à travailler à distance. L’objectif est également de trouver de nouveaux axes de recherche dans l’esprit du réseau Arpanet né peu avant, en 1968 aux États-Unis. Mais au final, la stratégie politique française de l’époque privilégiera le développement industriel du Minitel.

Il dirige le projet Cyclades, jusqu’en 1978. Suite au succès de ce projet, il est sollicité pour de nouveaux projets pilotes tels que la réalisation de compilateurs du langage informatique Pascal (SOL) et d’un système d’exploitation de type Unix écrit en Pascal.

En 2001, Louis Pouzin reçoit le prix IEEE Internet pour sa participation au développement de réseaux tel que l’Internet et en 2013, il reçoit le premier « Queen Elizabeth Prize for Engineering » (avec Robert Kahn, Vinton Cerf, Tim Berners-Lee et Mark Andreessen). Ce prix leur est attribué pour leurs contributions majeures à la création et au développement d’internet et du World Wide Web.

Datagramme aujourd’hui pour découvrir et partager la culture informatique

Le 21ème siècle a pris conscience de la nécessité de faire  entrer l’informatique dans l’éducation pour offrir aux jeunes un accès actif à leur culture numérique. L’objectif est de leur permettre de comprendre, créer, être acteur et non pas seulement « utiliser » le numérique. Dans cet esprit, le programme « Class’Code », dans lequel le CIGREF s’est engagé, et auquel vous pouvez apporter votre concours, s’appuie sur des outils et expertises pour apprendre le code, structurer la pensée informatique.

L’INRIA, autre acteur de Class’Code, propose « Datagramme », un jeu de plateau multi-joueurs pour entrer au cœur des sciences du numérique…

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1 Michel Monpetit, ingénieur de l’Armement à la Délégation à l’Informatique
2 Société de services informatiques de la Société d’économie et de mathématiques appliquées
3 Pierre Lhermitte, Conseiller du président à la Société Générale en 1970, puis auteur du « Pari Informatique » et Président Fondateur du CIGREF

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