Peut-on parler d’histoire pour l’informatique et les SI ?

Peut-on parler d’histoire pour l’informatique et les systèmes d’information ? La question peut se poser si l’on entend le mot « histoire » stricto sensu tel qu’il est généralement employé pour qualifier la « grande » histoire ! Pourquoi ?

Le mot « histoire », vient du grec ancien historia, signifiant « enquête », et par extension « connaissance acquise par l’enquête ». On découvre le mot historia sous la plume d’Herodote (420 avant J-C.), surnommé « père de l’histoire » par Cicéron.

L’histoire est un récit, construit à partir de sources, destiné à retracer une image du passé… jusque là, c’est bien la démarche entreprise ici par le CIGREF. Mais… on attribue généralement à l’histoire des séquences temporelles telles que : l’histoire ancienne, première période historique, de l’Antiquité à l’époque médiévale. Puis l’histoire moderne allant de la fin du Moyen-âge à la Révolution. L’histoire contemporaine quant à elle s’écrit depuis la Révolution à nos jours. En termes d’histoire, on entend par « période contemporaine » les derniers 75 ans avant le présent.

Alors l’informatique et les systèmes d’information, au-delà de leur propre histoire, sont-ils déjà, par leur « courte vie », matière à entrer dans l’histoire ?

Selon cette considération, si l’on date l’informatique à l’apparition du terme « informatique », en 1962, la réponse est non ! Même si l’on repousse à l’apparition des premiers « calculateurs » (computers) au début des années 50, la période reste encore trop courte… Sans parler des systèmes d’information en tant que tel qui ont moins de 20 ans.

Par contre, si l’on prend en compte le « bond en avant » que l’informatique a fait faire à nos sociétés, il est sans doute possible de reconsidérer le seul paramètre chronologique.

Comment s’écrit l’histoire ?

Depuis Herodote, l’histoire est une construction humaine. Son écriture dépend des objectifs et méthodes de travail de l’historien. D’ailleurs, les méthodes d’écriture de l’histoire ont, elles aussi, évolué au fil du temps. Cette évolution s’appelle « historiographie », autrement dit « histoire de l’écriture de l’histoire ». Gageons que l’informatique et les systèmes d’information ont déjà techniquement un fort impact sur l’histoire de l’écriture de l’histoire ! (surtout depuis Internet…).

Le site CIGREF procède peut-être à une évolution historiographique, à la fois en entreprenant une périodicité nouvelle en histoire, aussi par son angle d’écriture : l’informatisation des grandes entreprises croisée avec ses propres archives, et par sa démarche en faisant appel aux contributions de tous. C’est-à-dire non plus une « connaissance par l’enquête » du seul historien, mais à l’heure des réseaux sociaux, par la « connaissance d’un réseau d’usagers » !

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3 Comments
  1. Christophe

    On peut parier effectivement que l’histoire s’écrive maintenant d’une autre manière et ce à cause ou grâce à l’informatique ! Et sans doute aussi les époques historiques ne seront-elles plus les mêmes. On n’imagine plus, au rythme ou la société évolue maintenant, qu’elles se chiffrent en siècles !…

  2. Nicolas

    Je suis étudiant (licence histoire) et je trouve votre démarche intéressante : passer de l’histoire de l’informatique à l’informatique dans l’Histoire !

  3. Comme toutes les grandes innovations, l’informatique façonne son époque. Après des millénaires de transmission orale, puis écrite de l’information, à la vitesse du piéton, du cheval, puis des moyens modernes de transport, l’information se déplace désormais à la vitesse de la lumière. Elle se fabrique, se stocke, se réutilise avec une facilité, un coût et une vitesse jamais atteintes. Cette transformation radicale de la manière avec laquelle l’humanité se raconte rejoint les autres grandes étapes de l’histoire que sont l’invention de l’écriture, de l’alphabet et de l’imprimerie. Sans aucun doute, la seconde moitié du XXe siècle sera décrite comme l’ère de l’informatique. Toutefois, avec internet et surtout le web, nous avons enclenché une nouvelle révolution qui doit beaucoup à l’informatique mais s’en distingue sur de nombreux critères, le premier étant sa totale démocratisation.

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