Si les mots ont un sens… ils ont souvent aussi une histoire ! Quelle est celle du plus incontournable des symboles informatiques : l’@, autrement dit l’arobase, (at) pour les intimes !
Avant de nous pencher sur l’histoire de l’arobase, qu’est-ce que ce curieux @ ? C’est un « logogramme » ! Ce qui veut dire ? Un logogramme est un graphème unique pour signifier un mot entier, et pas seulement une partie de ses phonèmes. Autrement dit, c’est la plus petite unité graphique de langage représentant un mot complet par un signe unique. A ne pas confondre avec le pictogramme, dessin symbolisant schématiquement un élément concret comme un lieu, un objet… mais non un élément de langage en tant que tel. Pour le mot « arobase », le logogramme est @.
D’où vient l’@, quelle est son histoire ?
L’arobase n’est pas né avec le langage informatique. Certes, c’est en 1972 que Ray Tomlinson, inventeur du courrier électronique, lui apporte la célébrité en le choisissant comme « séparateur » d’adresse e-mail. Il choisit ce logogramme @ justement parce qu’il est quasi absent de tous les alphabets traditionnels. Il lui fallait un symbole unique et universel pour remplir cette fonction.
En fait, les origines de l’arobase sont différemment repérées selon les sources. Certaines hypothèses prétendent qu’il aurait été utilisé pour la première fois au Moyen Âge par des moines copistes.
D’autres, que « arobase » viendrait de l’arroba (en castillan et en portugais), de arrova (en catalan), représentant une unité de mesure (allant de 11,5 à 15 kg) en usage en Espagne et au Portugal, mesure symbolisée par l’@.
Ou encore d’un terme arabe signifiant « le quart », représentant un quart de quintal, soit 25 livres, (équivalent à 11,5 kg et 12,5 kg en Aragon). L’arobase servait alors aussi d’unité de volume pour les liquides dont la quantité variait selon les provinces.
On retrouve de façon certaine l’Arroba en Espagne dès 1088. Il n’est pas une unité de mesure, mais le logogramme de cette unité de mesure. @ serait à l’origine « une graphie onciale » qui se développe entre les IIIe et IVe siècles. Arrobase proviendrait de la contraction du terme typographique « a rond bas », pour « bas » pour : bas-de-casse, en langage typographique qui désigne un caractère écrit en minuscule.
Dans le même esprit, une autre hypothèse serait qu’il s’agit d’une ancienne ligature latine (fusion de deux caractères consécutifs) pour ad signifiant « près de », la boucle s’enroulant autour du a pour figurer le d en onciale.
On trouve l’@ dans les comptes de marchands florentins puis il est employé dans différentes écritures commerciales ou religieuses. Son usage s’est répandu aux Etats-Unis dès le XIXe siècle dans l’annotation du prix unitaire des marchandises. Exemple : « 2 livres à 5 dollars pièces » s’écrivait : « 2 chairs @ $ 20 » ! L’@ étant prononcé « at ». Le symbole fait ainsi son apparition sur les claviers des machines à écrire vers 1885 avant de perdre tout sens au fil du temps. C’est sur ces claviers qu’il a été repéré par Ray Tomlinson en 1972 en quête de son séparateur unique…
Toute l’histoire de ce logogramme est retracée dans le Museum of Modern Art de New-York.
Quoi qu’il en soit, du nom à la forme, arobase, arobas, arrobe, escargot… dans toutes les langues, l’@ se voit paré d’appellations évocatrices : du shtrudel israélien à l’apestaart (queue de singe) hollandais, en passant par le snabel a (trompe d’éléphant), le kanelbulle (bâton de cannelle) suédois, ou le chiocciola italien !
Les moines copistes n’avaiens sans doute pas imaginé le parcours de l’@ ! Merci de nous le faire découvrir.
Etonnante et intéressante histoire.
Qui connaît l’histoire de l’e de eBusiness et qui est une marque d’une entreprise mondiale ?