Histoire des objets inanimés aux objets connectés

objets-inanimes-connectes« Internet des objets »
ou « Objets connectés », depuis quand changent-ils nos vies ?

« Objets inanimés,
avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?
»
Harmonies poétiques et religieuses,
Lamartine, 1830

Deux siècles après Lamartine, nul doute que cette question ait acquit une nouvelle pertinence !

Le constat est en effet que « L’Internet accueille aujourd’hui des milliards de connexions et d’échanges qui en font l’outil le plus puissant jamais inventé pour le partage de l’information. En quelques décennies, il est devenu le moteur de profondes transformations dans la vie des entreprises, des individus et des institutions. Cet élan n’est pas près de cesser et dans tous les pays ingénieurs et techniciens, industriels et sociétés de services, chercheurs de toutes disciplines et responsables politiques sont déjà en train de dessiner l’Internet du Futur.
La perspective est celle d’un monde de connexion encore plus dense, entre les hommes mais aussi avec les objets – une connexion permanente et de plus en plus invisible, qui engendre autant de craintes qu’elle est porteuse de promesses… »1.

Entre les craintes et les promesses que soulève l’aventure commune, hier improbable, du web et des objets, un chemin, déjà presque une histoire ! 

Le concept de l’Internet des objets nait en 1999, au MIT (Massachusetts Institute of Technology). Le MIT Auto-ID laboratoire est dédié à la création d’objets connectés à l’aide de l’identification par radiofréquence et les réseaux de capteurs sans fil.

L’appellation « internet des objets »2, a vu le jour la même année. On la doit à Kevin Ashton, un collaborateur de Procter & Gamble qui voulait qualifier le lien entre la technologie RFID (Radio Frequency IDentification) et internet. Autrement dit des objets embarquant des étiquettes RFID et internet. Les informations contenues dans la puce électronique d’un tag RFID peuvent être des identifiants et éventuellement d’autres données complémentaires.

Des rêves qui ont ouvert la voie au monde des objets connectés !

Bien souvent le rêve précède l’action. C’est le cas pour les objets connectés. Quelques exemples de rêves « prémonitoires » au monde des objets connectés !…

Citons notamment Nikola Tesla, un des inventeurs les plus prolifiques et visionnaire, qui disait en 1926 « When wireless is perfectly applied the whole earth will be converted into a huge brain, which in fact it is, all things being particles of a real and rhythmic whole […] and the instruments through which we shall be able to do this will be amazingly simple compared with our present telephone ». La Terre n’est peut-être pas encore un « énorme cerveau », mais les téléphones intelligents susceptibles d’y parvenir sont effectivement déjà dans nos poches !

Autre rêve, celui d’un des 20 entrepreneurs français qui comptent aujourd’hui dans le domaine des objets connectés. Lors d’un déjeuner avec des amis, Henri Seydoux imagine en 1994 « un agenda électronique qui parlerait et répondrait à son propriétaire, comme un perroquet » ! Depuis, son entreprise s’impose notamment dans les domaines de la reconnaissance vocale aux kits mains libres.

Quand les objets connectés deviennent réalité…

Les premiers objets communicants apparaissent dans les années 2000. Le réfrigérateur relié à internet du coréen LG, puis en 2003 la lampe DAL qui s’éclaire de différentes couleurs selon ce qui se passe dans son environnement, envoie des SMS, des alertes Google… Elle est suivie par le lapin « Nabaztag » (aujourd’hui Karotz), créé par Olivier Mével et Rafi Haladjian. Connecté en wifi, le lapin diffuse des informations, peut lire les mails à voix haute, donner les titres des actualités reçues par flux RSS, la météo, l’heure, la bourse…

En parallèle, la domotique, ces automates nés de la miniaturisation des systèmes électroniques et informatiques, commencent à entrer dans les maisons. Si, à cette période, la domotique peine à trouver son marché, ses progrès contribuent à stimuler l’imaginaire et l’innovation concernant la communication et les échanges entre l’habitation (et ses objets) et l’extérieur.

Une reconnaissance officielle de cette réalité naissante se matérialise en 2005, lorsque l’International Telecommunication Unit (ITU Report), évoque pour la première fois l’Internet des Objets “…to connect everyday objects and devices to large databases and networks … (using) a simple, unobtrusive and cost-effective system of item identification…”.

Les objets connectés, une affaire de réseaux !

Cela peut paraitre une évidence, mais sans réseaux capables de permettre un échange sans fil entre les objets et leur environnement (humains, autres objets…) point d’objets connectés ! Une des définitions de l’internet des objets l’explique parfaitement : « …un réseau de réseaux qui permet, via des systèmes d’identification électronique normalisés et sans fil, d’identifier et de communiquer numériquement avec des objets physiques afin de pouvoir mesurer et échanger des données entre les mondes physiques et virtuels »1.

Cette liaison entre un objet et/ou une habitation relève d’un processus plus exigeant que les liens hypertextes entre pages web. Il doit être en mesure de lire les informations stockées sur les étiquettes intégrées aux objets, voire de les localiser lorsque ces étiquettes sont virtuelles. Le dispositif mobile doit disposer d’un logiciel ad hoc et le réseau sans fil doit être stable.

Un véritable coup de pouce est donné aux objets connectés avec l’arrivée, en 2011, du protocole réseau IPv6. Il offre de nouvelles possibilités dans l’adressage IP qui passe de 32 bits à 128 bits. Plus d’adresses IP, plus de flexibilité… Google fait partie des premières entreprises à avoir déployé cette technologie actuellement encore limitée par des complexités techniques.

En quoi les objets connectés sont appelés à bousculer nos vies ?

C’est quotidiennement que s’écrit désormais l’histoire de ces objets connectés à nos vies. Les plus spectaculaires et médiatisés sont sans doute les « Google Glass » apparues sur le nez de Sergey Brin (cofondateur de Google) dès 2012, ou encore la « Google car » équipée d’un système de pilotage automatique (conçu dès 2010) qui la dispense de conducteur humain. Plus récemment, Apple lance en grande pompe son dernier iPhone, mais pas tout seul… accompagné de l’Apple Watch, réplique miniature du smartphone pour apercevoir d’un regard discret textos, alertes, météo…

Google est très investit dans les technologies susceptibles de donner encore plus de vie aux objets, notamment par une intelligence artificielle. Sa finalité avouée repose sur une idéologie transhumaniste.

Mais au-delà des objets qui ont suscité une attention médiatique, les objets sont maintenant des réalités dans tous les domaines :

  • La santé, où ils ouvrent des perspectives chaque plus importantes.
  • Le sport, offrant aux sportifs des objets capables de suivre et de comparer leurs efforts, leurs performances.
  • L’habitat, qui accueille des objets non plus seulement dotés de fonctions « passives ». Ils sont capables d’échanger directement entre nous et eux, de prendre des initiatives pour notre confort et notre sécurité.
  • La mode, avec des vêtements et accessoires connectés…

Chacun s’accorde sur les potentiels économiques que représentent les objets connectés et de plus en plus d’entreprises investissent dans les technologies concernées, tous secteurs confondus.

Mais les bouleversements ne se situent pas seulement dans la cohabitation avec cette nouvelle population d’objets avec qui nous allons devoir nous habituer à communiquer. Ils sont d’ordre sécuritaire, quant aux données nous concernant qui se promènent et deviennent ainsi vulnérables. Ils sont aussi juridiques, parce qu’une nouvelle régulation adaptée aux nouveaux usages, reste sans doute à trouver. Une autre dimension, éthique celle-là, mérite d’être abordée.

Il nous faudra certainement revenir prochainement sur une nouvelle histoire des objets connectés !

________________________

1 Internet des Objets, enjeux pour l’Europe ? 2009, Pierre-Jean Benghozi, Chercheur – CNRS, Sylvain Bureau, Chercheur – CNRS, Françoise Massit-Folléa, Chercheur – FMSH.
2 En anglais « Internet of Things » (ItO).

Ligne

Catégories
0 Comments
0 Pings & Trackbacks

Laisser un commentaire