Dans un contexte où les questions de l’urgence climatique et de la planification écologique sont de plus en plus prises en considération par les acteurs économiques et politiques, c’est aujourd’hui l’enjeu de la dépendance énergétique qui est révélé par une conjoncture géopolitique inédite, celle de la guerre en Ukraine. Dans les mois qui viennent, la France et l’Europe se préparent à faire face à une crise énergétique sans précédent.
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En France, l’ensemble du corps social, les professionnels comme les particuliers, est appelé de manière pressante à envisager des mesures d’économie d’énergie, notamment électrique. Dans ce contexte, tous les secteurs d’activité sont fortement incités par le Gouvernement à engager des démarches pour réduire de 10 % la consommation électrique dans les deux ans qui viennent, et à prévoir en parallèle des mesures d’effacement de consommation électrique en cas de pic de demande au cours de l’hiver prochain. Le secteur du numérique n’échappe pas à cette sollicitation et le Ministre de la Transition numérique et des Télécommunications, Jean-Noël Barrot, a formellement appelé notre écosystème à y répondre, fin juillet 2022. D’après une étude de l’ADEME[1] en effet, « en moyenne dans les entreprises de services, les administrations et les collectivités, la consommation électrique du parc informatique représente, 24,7% de la consommation électrique totale. » La part du numérique n’est donc pas négligeable et chaque geste compte !
Afin de répondre à cette sollicitation, le Cigref a constitué une task force, pilotée par Christophe Boutonnet, Directeur adjoint du numérique des ministères Ecologie, Énergie, Territoires et Mer, avec l’objectif de déterminer les différentes mesures activables par les directions numériques permettant d’effacer, de manière pérenne ou ponctuelle, notamment à l’occasion de pics de demande au cours de l’hiver prochain, certaines consommations électriques non prioritaires des systèmes d’information. Les réflexions sur la baisse de la consommation énergétique et la réduction de l’impact environnemental du numérique à moyen et long terme se poursuivront dans différentes activités transverses du Cigref tout au long de l’année, et dans la continuité des travaux déjà réalisés, comme par exemple la production du « référentiel de 100 bonnes pratiques pour accompagner les démarches de sobriété numérique dans les organisations »[2], publié en 2020 et qui peut constituer, du reste, une source plus détaillée de pratiques opérationnelles.
Les actions à mettre en œuvre ont été référencées, dans ce document, suivant les trois principales sources de consommation énergétique du numérique dans les entreprises : Équipements utilisateurs, Data centers (on premises), et Réseaux.
On distinguera ensuite ces actions en deux catégories :
Les actions types « éco-gestes » à mettre en œuvre au quotidien et dont certaines font déjà l’objet de mesures suivies dans le temps par les organisations dans le cadre de leur démarche « numérique responsable » ;
Les actions à déployer en cas de pic de demande, qui correspondent aux alertes « EcoWatt » permettant de déplacer les consommations lorsque le réseau électrique est tendu (alerte orange) ou très fortement tendu avec risque de coupures (alerte rouge). Le service « MonEcoWatt »[3] développé par RTE, en partenariat avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), permet de connaître en temps réel la consommation électrique nationale et propose un ensemble d’éco-gestes à mettre en place particulièrement sur les périodes de tension du réseau électrique (8h – 13h et 18h – 20h). Via un système d’alerte[4], les périodes de fortes tensions sur le réseau électrique et les risques de coupures de courant pourront être communiquées en amont aux usagers. Le déploiement d’une application mobile dédiée est prévu pour le début de l’hiver.
Enfin, un inventaire de données de consommation énergétique, issues de sources publiques, est annexé à ce document. Il permet d’identifier les principaux postes de consommation des infrastructures et équipements IT. Les données de consommation des équipements et infrastructures étant encore hétérogènes, cet inventaire reflète des ordres de grandeur avec des taux d’incertitude qui persistent. Il peut aider à faire des évaluations à grandes mailles mais ne permet pas à ce stade d’arriver à des mesures précises.
Nota bene : Les mesures de ce référentiel doivent être adaptées à la taille et au contexte de chaque organisation, toutes n’ayant pas les mêmes problématiques d’équipement ou d’hébergement de data center. Seuls les équipements et infrastructures sur lesquels les DSI peuvent agir sont traités dans ce référentiel, ce qui exclut la gestion des bâtiments tertiaires (qui relève des services généraux de l’organisation), et le périmètre du cloud. Les mesures sont applicables tant sur site qu’en télétravail.
[1] ADEME, « Consommation énergétique des équipements informatiques en milieu professionnel », 2015 : https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/2431-livre-blanc-consommation-energetique-des-equipements-informatiques-en-milieu-professionnel.html
[2] Cigref, en partenariat avec The Shift Project, « Sobriété numérique : une démarche d’entreprise responsable », 2020 : https://www.cigref.fr/publication-sobriete-numerique-une-demarche-d-entreprise-responsable
[3] https://www.monecowatt.fr/
[4] https://www.monecowatt.fr/inscription-alerte-vigilance-coupure/