Ce défi est pour l’Intelligence Economique d’Entreprise !
A l’occasion de la « JIEE’13 », journée de réflexion proposée le 4 décembre dernier par l’Académie de l’Intelligence Economique, Jean-François PEPIN1, Président du Comité de Programme, a rappelé que l’Intelligence Economique n’échappe pas au défi du numérique :
« Le monde numérique est un univers de communication, d’influence et de leadership. On sait que dans la compétition internationale, le seul véritable avantage concurrentiel, défendable et durable, réside, pour l’entreprise, dans sa capacité à maîtriser l’information (en temps réel, à tout moment et en tous lieux) pour construire et faire évoluer sa base de connaissance stratégique. Cette capacité prend encore plus de poids dans le monde numérique.
Si l’information n’est pas le cœur de métier de l’entreprise, elle est néanmoins au cœur de tous les métiers de l’entreprise. Elle est le lien virtuel qui les relie, les assemble. Avec le numérique, ce n’est plus seulement l’accès à l’information qui constitue le ressort essentiel de la compétitivité. C’est de plus en plus l’aptitude de toutes les « partie prenantes » à la partager, à la transformer, à la comprendre, à l’interpréter, à l’utiliser…».
Pour aider les dirigeants à relever ces défis, à poser un regard lucide et éclairé sur l’impact de ces transformations sur les entreprises, « JIEE’13 » a invité les meilleurs experts pour réfléchir, au sein de 3 ateliers, aux nouveaux enjeux pour l’intelligence économique d’entreprise :
- Comment le Numérique impacte l’influence des nations et des firmes ?
L’Intelligence Economique d’Entreprise produit les connaissances utilisables dans les actions de lobbying et d’influence locales, régionales, nationales, ou internationales. - Comment le Numérique transforme le Management des entreprises ?
L’Intelligence Economique d’Entreprise est un acte de management qui englobe à la fois le traitement de l’information et son utilisation au service de la stratégie de l’entreprise. - Comment le Numérique modifie notre rapport aux risques ?
L’intelligence Economique d’Entreprise est aussi un outil de sécurité, de sûreté, de prévention des risques entrepreneuriaux, technologiques ou naturels
Quelques regards sur la nature de ces défis venus du numérique
Intervenant dans l’Atelier consacré à l’impact du numérique sur l’influence des Nations et des Entreprises, Michel Volle, économiste, se détermine « Pour une informatisation à la française » :
« L’informatisation est un phénomène anthropologique complet : il ne se limite pas en effet aux dimensions technique et économique. Lorsque l’emploi passe de la main d’œuvre au cerveau d’œuvre, cela a des conséquences psychologiques et sociologiques : l’organisation du travail n’est plus la même et les relations entre les personnes sont modifiées, qu’elles soient horizontales (entre personnes du même niveau) ou verticales (selon les divers niveaux d’autorité)…
Ainsi, de proche en proche et de façon pour ainsi dire souterraine, l’informatisation met en question les valeurs que l’institution entend promouvoir. Cela suscite naturellement des conflits et ils sont d’autant plus violents qu’ils touchent à des choses profondes et confuses : c’est cela qui explique, nous semble-t-il, les absurdités et les illogismes étonnants que l’on constate si souvent dans la conception des systèmes d’information… ».
Michel Volle souhaite voir la France et les entreprises françaises « libérer ce potentiel et, cessant de rester à la traîne, nous replacer au premier rang parmi les nations » (l’article intégral).
Pour Jean-Pierre Corniou2, DGA de Sia Partners, intervenant dans l’atelier sur l’impact du numérique sur le management, il importe de « Réhabiliter l’exploitation informatique à l’heure du numérique » :
« Face aux défis qu’induit cette nouvelle situation, la tentation de dissocier une informatique structurante de back-office et une informatique légère et réactive de front office répond au souci d’aller vite à l’essentiel pour ne pas décrocher face aux besoins des clients. Nenamoins ce choix tactique ne doit être que provisoire car Il serait dangereux d’opposer une Informatique interne « lente » et une informatique externe rapide. En effet les deux utilisent les mêmes données, visent les mêmes utilisateurs convertis au web, nécessitent la même rigueur d’exploitation et doivent donner lieu à un pilotage de même niveau d’exigence. Il faut donc s’engager dans une transformation globale du niveau de service informatique qui traite toutes les applications de la même manière, en en profitant pour rationaliser et simplifier le patrimoine applicatif alourdi par des années de projets hétérogènes et souvent inachevés. Le rôle de l’infrastructure au sens large, du data center au smartphone et aux capteurs, est bien de fédérer les services rendus aux parties prenantes du système d’information, internes et externes… ».
Jean-Pierre Corniou insiste sur le besoin de compétences : « Il est évident qu’une telle transformation ne se fera pas sans talents… S’il n’a jamais été facile pas de recruter des informaticiens et encore moins pour les infrastructures, il faut revaloriser ces fonctions qui ont un rôle critique dans la performance opérationnelle de l’entreprise ». (L’article intégral)
Denis Ettighoffer, Conseil en management & organisation, intervenant dans l’Atelier sur « l’influence », analyse « Les défis nouveaux des empires numériques » :
« Peut-on sanctuariser nos réseaux d’informations sensibles ? Les Datas, les données, sont de plus en plus considérées comme une ressource nationale. Sauf à y consacrer des ressources considérables, il est quasiment impossible d’empêcher des fuites ou des vols de données sensibles. De plus, elles sont souvent mal protégées…
En faisant de nos industries culturelles, de nos enseignements, le fer de lance de notre présence dans le monde numérique, le cyberespace, nous nous donnons la possibilité de créer des activités nouvelles qui, soulignons-le au passage, restent majoritairement sur le territoire national…
Mais, améliorer la sécurité des réseaux, des infrastructures ne résous en rien le problème posé par la puissance d’investigation et d’intrusion des empires numériques envers les internautes membres de réseaux sociaux ou « captivés » par divers écosystèmes propriétaires… ».
Denis Ettighoffer met l’accent sur la dimension culturelle de la « puissance numérique » : « La culture française comme arme de pointe pour la défense française ; avouez, vous ne vous y attendiez pas ! ». (L’article intégral).
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1 Délégué général du CIGREF, Vice-président de l’AIE
2 Professeur associé à Paris Dauphine, ancien Président du CIGREF
3 Conférencier international, auteur de « Netbrain, les batailles des Nations Savantes »