Au lendemain de sa 50ème Assemblée générale, le 13 octobre 2020, le Cigref publie le bilan de ses activités sur la période 2019/2020. Ce document institutionnel présente la vie de l’association, et notamment sa réaction face à la crise sanitaire, et revient sur les enjeux portés par les nombreuses activités (clubs, cercles et groupes de travail) réalisées au cours de l’exercice passé. Ce rapport est aussi l’occasion pour le Président du Cigref, Bernard Duverneuil, de confirmer l’orientation donnée pendant cette année de jubilé aux travaux futurs : pour un numérique durable, responsable et de confiance !
Cinquante ans !
Édito du Président du Cigref, Bernard Duverneuil (rapport d’activité 2019/2020)
Le Cigref fête cette année son premier jubilé. Notre association a été créée en 1970 par six entreprises françaises, à l’initiative de Pierre Lhermitte, son premier Président.
Celui-ci venait de publier un ouvrage, « Le Pari informatique », après avoir effectué pour le compte du Conseil économique et social en 1967, une mission d’étude aux Etats-Unis sur les conséquences de l’introduction rapide, dans les entreprises, de l’outil informatique, lequel devait permettre d’automatiser certaines tâches manuelles ou mécanographiques de la gestion des entreprises. Pierre Lhermitte était revenu de ce voyage avec la double conviction que les grandes entreprises françaises devaient réfléchir ensemble aux enjeux de la réussite de ce pari informatique et qu’elles devaient se constituer en collectif pour mieux appréhender ces transformations, mais aussi discuter avec un fournisseur omniprésent de l’époque, un certain IBM.
Depuis, l’ambition du Cigref n’a pas varié, même si le champ des usages de l’informatique et des technologies de l’information s’est considérablement élargi à toutes les fonctions essentielles, voire les plus intimes, de l’entreprise. Depuis cinquante ans donc, le Cigref accompagne ses membres, grandes entreprises et administrations publiques françaises, en animant, en synthétisant et en diffusant leurs réflexions communes sur les enjeux du pari, désormais numérique, et en organisant le dialogue collectif qu’ils entretiennent avec leurs principaux fournisseurs dont la puissance et les tentations hégémoniques actuelles n’ont que peu d’équivalent dans l’histoire de l’économie mondiale. De cette année jubilaire pour le Cigref, je retiendrai trois grandes observations.
Triple crise
La première porte, à l’évidence, sur la crise inédite qui frappe le monde depuis le début de l’année 2020. Crise sanitaire d’abord, dont la sévérité, la virulence et l’ampleur ont plongé plus de la moitié de l’humanité dans une situation de confinement total dont personne n’aurait imaginé qu’il puisse survenir un jour. Crise économique et sociale ensuite, dont les conséquences ne sont pas encore bien analysées à moyen terme, mais dont on sait d’ores et déjà qu’elle plonge la France dans une perspective récessive pour cette année, laquelle s’accompagne d’une destruction d’emplois dramatique, qui entrainera inéluctablement d’une hausse de la précarité, de la pauvreté, de la misère sociale. Dans ce contexte, alors que nous avons tous constaté que le numérique a été l’un des principaux amortisseurs de la crise, le Cigref a pour ambition, et c’est le sens principal du Pacte pour le numérique auquel notre écosystème a collectivement appelé les pouvoirs publics, de permettre que le numérique soit le principal moteur de la relance économique et de la préparation du futur.
Vision stratégique
Le futur, justement, et j’en viens à la deuxième observation que cette année m’amène à formuler. Le Cigref publie son premier rapport d’orientation stratégique. Cet important travail de prospective, que nous avons mené avec notre partenaire Futuribles, permet d’inscrire les travaux d’anticipation du Cigref dans un cycle annuel, plus réactif, plus dynamique, et plus en phase avec le rythme croissant des mutations numériques successives que nos adhérents doivent affronter. Ce rapport d’orientation stratégique, articulé autour des cinq champs de transformation que nous avons retenus, propose un éclairage prospectif à l’horizon 2025-2030, et s’intitule « L’âge de raison… et après ? ». Sa vocation est d’être l’outil principal du Conseil d’administration du Cigref pour élaborer le plan d’activité annuel que le Cigref propose à ses membres.
Durable, responsable, de confiance
Cet âge de raison du numérique, nous l’appelions de nos vœux en 2019, ce qui m’amène à la troisième observation que je souhaite partager avec vous. L’ambition du Cigref de promouvoir un numérique durable, responsable et de confiance sort renforcée, tant par la crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons, que par le travail de prospective à l’horizon 2025-2030 que nous avons mené au cours de ces derniers mois. Tous nos travaux, toutes nos analyses convergent vers cette exigence radicale d’un changement de paradigme dans la façon que nous avons eue, jusqu’à présent, d’aborder le développement et l’intégration des technologies numériques et de leurs usages, tant dans nos environnements professionnels, ce qui relève de notre responsabilité de praticiens, que dans nos vies de citoyens numériques. Ces questions, désormais d’essence sociétale, concernent chacune et chacun d’entre nous. Nous allons donc continuer à développer nos travaux en faveur du numérique que nous voulons, du numérique dont nos organisations et leurs collaborateurs ont besoin, du numérique que nous appelons de nos vœux pour la société dans laquelle nous souhaitons vivre, en France et en Europe, de ce numérique encore à inventer pour qu’il s’organise harmonieusement autour du triptyque durable, responsable, de confiance.