Au lendemain de sa 52ème Assemblée générale, le 12 octobre 2022, le Cigref publie le bilan de ses activités sur la période 2021/2022. Ce rapport, visible en ligne, présente la vie de l’association, et revient sur les enjeux portés par les nombreuses activités (clubs, cercles et groupes de travail) réalisées au cours de l’exercice.
Ce document est aussi l’occasion pour Jean-Claude Laroche de signer son premier édito en tant que Président, et de tracer les grandes lignes des sujets majeurs que le Cigref abordera demain, sous sa présidence.
Édito du Président du Cigref, Jean-Claude Laroche (Rapport d’activité 2021/2022)
Chers collègues et représentants des adhérents du Cigref,
Chers amis de notre communauté professionnelle du numérique,
Chers lecteurs que les activités du Cigref intéressent,
Voici déjà un an que le Conseil d’administration du Cigref m’a fait l’honneur de me confier la présidence de notre association, et je remercie les administrateurs de leur confiance. Dans son éditorial du rapport d’activité 2021, mon prédécesseur, Bernard Duverneuil, nous avait proposé un bilan de l’action du Cigref au cours de ses cinq années de présidence. Je saisis cette occasion pour lui rendre hommage. Alors qu’il vient de quitter ses fonctions de directeur des systèmes d’information et du numérique de son entreprise et de remettre son mandat d’administrateur du Cigref, sans aucun doute pour d’autres horizons professionnels, je souhaite me faire le porte-voix de tous ceux qui le connaissent et l’apprécient pour le remercier chaleureusement à nouveau de son engagement de plus de vingt ans au sein du Cigref et de son Conseil d’administration, comme administrateur, Vice-président et Président de notre association. Comme aurait pu le dire en son temps Jean-François Pépin, arrivé en même temps que Bernard dans la communauté du Cigref, en 2001, le premier comme Délégué général, le second comme jeune DSI d’un grand groupe : « sans toi, Bernard, ce sera moins bien ! ». Pour ce qui me concerne aujourd’hui, le temps du bilan n’est, bien entendu, pas encore venu, et le passage de témoin me permet, plus que jamais, d’inscrire l’action du Cigref dans la continuité et le temps long.
Ce rapport d’activité 2022 fait le point sur les grandes lignes de l’action que nous avons collectivement conduite au cours de l’exercice 2021/2022, bien entendu au profit de nos adhérents, mais également au service de l’intérêt général, et je suis particulièrement attaché à cette dimension du projet associatif du Cigref. Si, en effet, notre association a vocation à accueillir exclusivement l’adhésion des grandes organisations, privées et publiques, de racines françaises en tant qu’utilisatrices du numérique, elle entend aussi porter une attention toute particulière aux principaux enjeux numériques qui touchent la société et son économie, tant au niveau national qu’européen. C’est pourquoi, le Cigref consacre certes chaque année une partie de ses travaux à des sujets destinés à appuyer les Directions du numérique de manière très opérationnelle, mais dans le même temps la sécurité dans l’espace numérique, la maîtrise de l’empreinte environnementale des systèmes d’information et des services associés, l’autonomie technologique de notre continent, la pénurie de talents ou encore la place des femmes dans les métiers du numérique, pour ne citer que les principaux, constituent des sujets d’intérêt majeur pour nos adhérents qui se traduisent par des travaux d’intelligence collective auxquels ils contribuent. Cette attention à l’intérêt général se traduit également par la mise à la disposition du plus grand nombre, en libre accès sur notre site web, de l’ensemble de nos publications, en français et en anglais.
« Notre association […] entend aussi porter une attention toute particulière aux principaux enjeux numériques qui touchent la société et son économie, tant au niveau national qu’européen ».
Si la crise sanitaire semble s’apaiser – mais il convient de rester prudent – la situation internationale provoque de multiples tensions de nature géopolitique, économique, financière et même monétaire auxquelles le numérique est particulièrement sensible. La crise énergétique qui frappe notre continent, dans le contexte de guerre ouverte de la Russie contre l’Ukraine aux frontières orientales de l’Europe, et l’augmentation des effets visibles du dérèglement climatique, ont annihilé nos éventuelles velléités à l’optimisme qui pouvaient poindre fin 2021 et début 2022. Comme la France se prépare à affronter un hiver difficile en matière de production électrique, le Cigref a engagé, à l’heure où ces lignes sont écrites, une démarche d’identification des mesures d’effacement de consommation que nos adhérents pourront mettre en œuvre en fonction de l’évolution de la situation.
Sur le front de la régulation du marché européen du numérique, nous avons suivi avec intérêt les travaux des institutions européennes sur le Digital Markets Act, règlement auquel nous avons largement contribué, et dont nous attendons la publication au Journal Officiel de l’UE puis l’entrée en application, au début de l’année 2023. Dans le même ordre d’idée, nous avons accueilli avec non moins d’intérêt l’auto-saisine de l’Autorité de la concurrence sur le marché du cloud et ses acteurs, et, là encore, le Cigref lui a, d’une part, transmis ses observations sur les équilibres de ce marché, et d’autre part, il s’est attaché à mobiliser ses membres pour qu’ils documentent les difficultés de nature concurrentielle qu’ils rencontrent avec leurs fournisseurs de services cloud. Nous sommes convaincus que l’économie européenne ne pourra durablement développer ses stratégies numériques et maîtriser ses dépendances dans cette situation de préemption du marché du cloud par un oligopole extracontinental. Nous partageons cette conviction avec nos partenaires européens, Voice en Allemagne, Beltug en Belgique et CIO Platform Nederland aux Pays-Bas. Nos quatre associations ont d’ailleurs publié 11 principes pour libérer le potentiel numérique de notre continent, en appelant la Commission européenne, le Parlement européen, les gouvernements nationaux et les autorités de régulation et de concurrence européennes et nationales à sécuriser l’avenir du cloud en Europe. Je saisis l’occasion pour souligner la qualité exceptionnelle tant des relations que nous entretenons avec Beltug, CIO Platform Nederland et Voice que des travaux que nous menons ensemble, et pour saluer leurs présidents et leurs conseils d’administration impliqués dans cette collaboration.
La campagne pour les présidentielles a été l’occasion pour l’écosystème numérique français de s’engager dans une coopération inédite au sein du collectif Convergences numériques 2022. Dès le mois de juin 2021, une dizaine d’organisations professionnelles représentatives de l’écosystème numérique ont décidé de conjuguer leurs forces pour porter un ensemble de propositions à l’attention des candidats à l’élection présidentielle et de leurs équipes de campagne. Articulée autour de six thèmes prioritaires, l’inclusion numérique, l’éducation et la formation, la transition écologique, la transformation de l’économie, la sécurité, l’autonomie stratégique, cette plateforme programmatique a permis à notre collectif de sensibiliser les candidats aux enjeux numériques pour la société et son économie. Nous les avons par ailleurs invités à exposer leur vision politique du numérique lors du « Pitch des candidats », organisé par notre collectif le 9 mars 2022 au Cirque d’hiver. Alors que les échéances électorales sont maintenant derrière nous et que les urnes ont fourni leur verdict, nous souscrivons à l’ambition de continuer à travailler ensemble au sein du collectif Convergences numériques.
J’invite le lecteur à découvrir, au fil des pages qui suivent, la diversité et la pertinence des activités que le Cigref organise et anime au profit de ses membres. Elles conditionnent d’abord l’attractivité de notre association, laquelle ne se dément pas puisque nous avons clos notre exercice 2021/2022 à un plus haut historique de 155 adhérents, ensuite sa capacité à être entendue et écoutée par ses interlocuteurs, notamment les pouvoirs publics, et enfin son indépendance, indispensable à l’autonomie d’appréciation et de décision de son Conseil d’administration. Cette indépendance du Cigref, à laquelle nous sommes collectivement tant attachés, ainsi que sa stabilité dans la durée, ont été confortées par l’opportunité que nous avons saisie d’acquérir les locaux que notre association occupe depuis 1986 à l’adresse historique de son siège au 21 avenue de Messine dans le 8ème arrondissement de Paris. L’Assemblée générale et le Conseil d’administration m’avaient donné le mandat de finaliser cette acquisition que j’ai eu l’honneur de conclure le 22 mars 2022.
Pour conclure mon propos, je tiens à adresser mes plus vifs remerciements à tous les membres de la communauté du Cigref qui contribuent à nos travaux, aux administrateurs qui n’épargnent pas leur temps pour orienter et piloter, dans un remarquable esprit de collégialité, notre association et ses activités, et bien entendu à l’équipe permanente du Cigref pour son engagement au service de notre projet associatif et sans laquelle rien ne serait possible. C’est avec confiance, malgré les lourds nuages qui s’amoncellent et les inquiétudes multiples qui peuvent nous assaillir, que nous nous engageons collectivement afin de bâtir le numérique que nous voulons pour demain, un numérique durable, responsable et de confiance.