Peut-on imaginer le futur numérique?
Peut-être qu’avant d’entrer de plain-pied dans un « nouveau monde », il est naturel de tenter de s’en faire une projection ! L’inconnu a toujours quelque chose d’effrayant que l’on essaye de se représenter, pour se préparer, pour se rassurer… ou pas !
Selon le philosophe Maurice Blondel, « L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare ». Le sens d’une démarche prospective est généralement de « se préparer aujourd’hui à demain » en intégrant la notion d’incertitude possible. Quelle place donner à l’incertitude quand on évoque aujourd’hui le futur numérique ?
L’Internet Society France vient de présenter la bande annonce d’un film en cours de réalisation : « Connexion vers l’e-futur », dont l’objectif est de « présenter une vision prospective du futur de l’Internet ».
Cette bande annonce décrit déjà en bref un e-futur : « …Internet a disparu, il s’est fusionné dans un écosystème numérique… ça suscite quelques angoisses, quelques vertiges… on aura peut-être un monde de plus en plus transparent… la vie réelle et la vie virtuelle vont fusionner… les vrais enjeux de l’internet c’est la disparition de la frontière… On est dans un ordinateur géant à l’échelle de la planète… le chantier de la science-fiction est ouvert… nous fusionnons avec des machines… nous devenons immortels et nous nous dématérialisons… c’est une utopie totale mais les utopies totales se réalisent toujours un jour ou l’autre… ».
Serait-ce faire preuve d’étroitesse d’esprit que de se demander si une représentation délibérément futuriste fait figure de rêve ou de cauchemar ?
Parce que, peut-être que si l’on avait montré une représentation de notre monde actuel à des terriens du Moyen-Âge, beaucoup auraient été terrorisés ! Or, nous ne nous en accommodons pas si mal.
Est-ce au contraire courageux de projeter un éventuel futur à travers les signaux technologiques actuels déclinés au prisme d’imaginaires débridés ?
Parce que très vite, demain peut-être, ce sera notre quotidien, alors autant l’avoir anticipé.
Et si la prospective numérique était au milieu du gué ?
Si le futur numérique laissait encore le choix aux humains de poser certaines limites ou d’encourager certains usages selon qu’ils les trouvent positifs ou négatifs ?
Mais comment s’entendre sur ces aspects positifs ou négatifs quand les avis seront certainement aussi partagés qu’ils le sont sur d’autres débats de société ?
Peut-on imaginer espérer… que la sagesse l’emporte grâce à quelques subtils jeux d’équilibres éthiques nourris de nos cultures ?
François Roger
Enseignant