Rapport d’orientation stratégique 2021 – Le Contrat

7 octobre 2022 | ACTUALITÉS

Dans quelques semaines sortira la nouvelle édition 2022 du Rapport d’Orientation Stratégique du Cigref. En attendant, nous vous proposons de vous replonger dans l’univers de notre réflexion stratégique, en lisant ou relisant les nouvelles d’anticipation publiée en 2021, œuvres originales écrites par des auteurs de fiction, qui vous replongeront dans les scénarios prospectifs présentés par le Cigref. Bonne lecture !

En savoir plus sur le Rapport d’Orientation Stratégique du Cigref

21:30 – Yen Chinese Restaurant, Quartier Xinyi, Taipei

« Mister Comblay! To our common success! » Dr. Terry Hai, le « vieux », figure tutélaire et fondateur de CarTech Electronics, s’est planté plein de vigueur malgré ses 74 ans devant le jeune François Comblay. La voix claironnante de l’auguste patron d’affaires et docteur en microélectronique les a tous électrisés. Ainsi intronisé à cette grande table qui surplombe une vue plongeante sur Taipei, depuis le 31ième étage de l’hôtel W Taipei où niche le restaurant, le français savoure son triomphe au milieu de l’état-major de CarTech. En choyant ainsi son invité, Dr. Hai a une idée derrière la tête. Bien sûr, François Comblay représente son principal client, le Consortium Automobile Euro-Indien Regeot-Atal Soft Ltd, numéro trois mondial face à Toyosla et VolksApple. Mais surtout, François Comblay, qui, à 33 ans, vient d’être nommé directeur des services informatiques du Consortium, fait déjà figure de dauphin face au PDG du groupe, Atal Mehta. En dix ans, François s’est imposé de manière fulgurante comme numéro deux du groupe. Logique d’ailleurs : alors que jusque vers le tout début des années 2020, la voie royale de ce type de constructeur automobile demeurait encore celle des ingénieurs mécaniciens, tout a depuis changé. Ce sont désormais les directeurs informatiques qui ont pris le pouvoir dans ces mastodontes internationaux où le code représente plus de la moitié de la valeur des véhicules. Et pour François, tout cela a une forme d’évidence. Tous de Polytechnique à Stanford jusque dans les différents échelons de Regeot Car où il a fait toute sa carrière le reconnaissent : le bonhomme est bosseur, brillant – mais aussi toujours ouvert à la critique et au dialogue. Et prêt à donner sa chance à ses coéquipiers et les mettre dans la lumière. François n’ose pas se le dire, mais même si sa réussite a été trop rapide, il le lit dans le regard de ses supérieurs : elle est méritée. Et cela, Dr. Hai l’a également compris.

Alors qu’on laisse retomber les verres de Château Latour pour le traditionnel thé de fin de diner, le Dr. Terry Haï se penche sur l’épaule de François assis juste à côté de lui.

« Dear François, je suis ravi que nous ayons pu sceller ce nouvel accord et que CarTech continue à délivrer nos microprocesseurs spécialisés pour vos voitures… Cependant, j’avais une question… Allez-vous finalement conclure avec Mimikan Soft ?…et intégrer dans votre propre Car OS leur logiciel ‘middleware’, celui qui gère la relation entre nos microprocesseurs et vos applicatifs ?… »

François est surpris de la question, qu’il juge déplacée.

« — Terry….Vous comprendrez que je ne peux encore rien dire. Mais de vous à moi – oui, nous devrions conclure. Je dois d’ailleurs les voir demain matin ici même, à leur QG de Taipei… »

Le Dr. Terry Haï se fend alors d’un sourire courtois et énigmatique.
« — Intéressant… » Terry laisse traîner l’adjectif quelques instants. Ce n’est évidemment pas ce qu’il veut dire. « Cher François, vous connaissez les propriétaires de Mimikan Soft, les Ke Liang ?
— J’ai connu Julie Ke-Liang, la fille du fondateur David Ke-Liang. Nous avons étudié ensemble à Stanford. C’est une amie. Mais évidemment, ce n’est pas pour cela que nous avons choisi Mimikan.
— Ah… Je ne connais pas bien Julie Ke-Liang. Je sais qu’elle codirige avec son père. David, lui, est un homme…intéressant. » À nouveau, cet adjectif qui ne veut rien dire. « Il a le vent en poupe. Surtout depuis que le Kuomintang a reconquis la majorité face aux indépendantistes, ici à Taïwan. David a beaucoup de connexions politiques. »

Dans la bouche du vieux docteur en microélectronique, cela ne sonne pas nécessairement comme un compliment. Mais il se fait tard. Après les dernières salutations à la porte de l’hôtel, le français fait demi-tour et fonce vers le UpBar, au 32ième étage, pour son autre rendez-vous de la soirée. Il n’est que cinq heures de l’après-midi à Paris.

23:00 – UpBar, W Taipei

François la cherche rapidement à travers le bar. Elle est là, lovée dans l’un des canapés capitonnés couleur crème à quelques mètres du bar, dans le gazouillis d’un fond léger de musique électro-pop, juste venue caresser les oreilles. C’est Julie Ke-Liang, son ancienne camarade de classe et désormais codirigeante avec son père de Mimikan Soft. De grandes baies vitrées offrent dans le fond le décor de la skyline de Taipei, brillante d’une constellation innombrable de bureaux encore illuminés.
« — Julie ! Ravi de te revoir. »

Instinctivement, ils se font la bise à l’américaine, comme du temps du campus de Stanford. Elle n’est plus en jeans, mais dans un tailleur rouge de grande marque. Ses yeux noisettes pétillent grands ouverts exactement comme lorsqu’elle craquait la première le problème d’informatique du TD.
« — Bienvenue à Taipei, François ! … Je voulais te voir avant la rencontre plus officielle de demain. »

On ne parlera pas business, justement. Autour de deux whiskys japonais, les deux anciens camarades évoquent leur passé à l’école comme pour l’évacuer, les trajectoires de leurs amis en commun, leurs vies respectives.

Le passage de deux F-16V taïwanais zébrant dans la nuit la ligne d’horizon de la ville vient interrompre l’échange. François semble surpris de voir des avions militaires troubler la soirée.
« — On s’y habitue… fait Julie, philosophe. Il y a maintenant des essaims de drones longue endurance qui viennent du continent et occupent l’espace aérien. Dieu sait comment les choses pourraient évoluer… Nous sommes sur la ligne de front, ici. Et les choses s’accélèrent. La Chine est surpuissante. Taïwan a beau y faire…l’autre partie de la famille est juste cinquante fois plus nombreuse. Et bien plus riche… La guerre civile entre les deux Chine a commencé il y a presque quatre-vingt-dix ans. Mais elle ne durera pas cent ans.
— Je croyais que vous étiez désormais explicitement soutenus par tous les Occidentaux… Que Taïwan, c’était comme Berlin pendant la guerre froide, justement. Que l’on vous défendrait jusqu’au bout… » fait François, qui suit de loin l’actualité internationale.
— Justement comme à Berlin : à la fin, c’est le plus riche qui fait une OPA sur l’autre. » Elle hausse les épaules. « Et qui est le plus puissant, ici ? … la Chine continentale, et tout le monde s’y prépare. Foxconn a toujours une large partie de ses usines en Chine continentale. Pareil pour notre première entreprise nationale, le fabricant de semiconducteurs TSMC. Nous-mêmes chez Mimikan Ltd, nous avons des bureaux de développement à Shanghaï. C’est la réalité. »

Ils finissent leurs verres respectifs de whisky japonais. Mais, comme le veut la coutume, Julie n’est pas arrivée les mains vides. Elle sort un casque de réalité virtuelle.

« — Un cadeau que je suis fière de t’offrir ! Le dernier né de nos labos, en codéveloppement avec un autre constructeur. Pour formation, divertissement ou juste relaxation. Et le clou : nous avons travaillé avec une équipe de Finlande pour un module de modélisation neuro-adaptative. Le casque dispose de petits capteurs EEG associés à des algorithmes pour deviner les images mentales que tu formes. »

François a déjà entendu parler de ce type d’applis – les travaux scientifiques dessus datent au moins de la fin des années 2010. Il en voit immédiatement le potentiel pour Mimikan.
« — Ah !… Une nouvelle interface homme-machine pour la navigation automobile ? »
Julie sourit, comme mise à nue.
« — Peut-être bien… mais déjà un prototype pour se relaxer et trouver le sommeil ! Tu me diras ce que tu en penses ! »

02:39 – Chambre 2807, W Taipei

Évidemment impossible de fermer l’œil. Il n’arrive jamais à s’endormir avant minuit à Paris. Et là, c’est encore l’heure du diner. Que faire ? François a une idée. Il déballe son cadeau. Il ajuste le casque, et choisit le programme « Relaxation et sommeil ».

Il plonge dans un univers initialement en flux constant mais apaisé, comme le ressac bienveillant de la mer au bord de la plage. Cela sent l’été. Les rochers sont couverts de varech. Dans le sable tissé de fines rigoles marines gigotent encore de petits crabes. Le ciel est couvert de moutons bienveillants. Il y a comme un air familier, celui de la Bretagne de ses vacances d’enfance, quand il parcourait seul la côte sauvage entre Le Pouliguen et Le Croizic. Il marche au calme. Quelques bouquets de lavande se découvrent au long de ses pas. Sa respiration se ralentit, ses gestes se détendent. Il veut s’asseoir et se reposer là, au milieu de ses quelques souvenirs d’enfance, à jamais au cœur de la lavande au parfum maternel.

Il y a une porte noire plantée sur la plage. Pourquoi ? Il est obligé de voir. Il franchit le seuil. Il entre dans une pièce sombre. De la musique – il reconnaît Ariana Grande, Billie Eilish, Cardi B… 2019. Des shots de vodka et des cannettes de Budweiser qui trainent un peu partout. L’une des fraternity houses de Stanford pour juniors où il avait l’habitude de traîner malgré ses 5 ans de plus. Le rythme de la musique est plus fort. Elle est là, dans cette petite chambre à l’étage. Quel est son prénom ?… Le prénom revient, aux échos lancinants comme une mauvaise gueule de bois : elle s’appelle Mélissa.

Son rimmel a coulé. Quel âge a-t-elle ? Pourquoi pleure-t-elle, son chemisier déchiré ? Et lui, que fait-il au milieu de tous ces verres de vodka, son pantalon baissé ? Était-elle en fait mineure ? Il a un goût de métal et d’huile dans la bouche. Il veut partir. Il se sent lourd. Il a honte. Tout glisse et se dérobe sous ses pas. Tout s’effondre en un grand tourbillon noir jusqu’au fond de la nuit.

7:10 – Chambre 2807, W Taipei

François sursaute. Le téléphone de l’hôtel sonne de manière stridente. Il a encore le casque de réalité virtuelle sur lui – il l’enlève et décroche. C’est la réception.
« — Mister Comblay, votre rendez-vous de l’Ambassade de France vous attend au hall d’entrée. » François est surpris. Il n’a jamais eu de rendez-vous de prévu avec le moindre diplomate.

Circonspect, il s’habille à toute vitesse et atterrit en quelques minutes au rez-de-chaussée. Effectivement, une jeune femme de l’Ambassade l’attend à la réception. Elle lui tend sa carte : Charlotte Kaczmarek, « Responsable nouveaux marchés ». Elle doit avoir à peine la trentaine, menue, de longs cheveux noirs cachant les contours de son visage. Elle propose de discuter sur l’une des tables à l’écart du restaurant où l’on sert le buffet du petit déjeuner.
« — Merci de me recevoir, M. Comblay. Je me suis permis de venir vous voir, car je crois que vous êtes ici pour signer plusieurs contrats importants pour Regeot-Atal. Or, d’après certains de mes collègues, la division informatique de Regeot-Atal a été victime d’une campagne cognitive depuis 24 mois venant à la fois de la Chine communiste et peut-être d’alliés discrets ici, à Taïwan. Nous essayons d’ailleurs de travailler avec les autorités de Taïwan pour tenter de les identifier. »

François est stupéfait. Impossible de toucher au café crème.
« — Campagne cognitive ? Que voulez-vous dire ?
— Vous vous rappelez des campagnes de fake news sur les réseaux sociaux de la Russie contre l’Occident dans les années 2010 / 2020, afin de monter les classes sociales les unes contre les autres et faire gagner les populismes d’extrême droite ou d’extrême gauche ? Cela, c’était le premier âge de la guerre cognitive, on pourrait dire celui du « tapis de bombes ». La Chine a depuis énormément sophistiqué et opérationnalisé l’approche. Ils sont aujourd’hui capables de faire des « frappes chirurgicales » dans le cognitif. À l’intérieur d’une organisation ou d’une grande entreprise, ils identifient les personnes clés à cibler. Puis, ils s’en prennent soit directement à la personne, soit aux collègues, soit à la famille et amis proches. Le plus souvent aux trois en même temps. Ils créent de faux profils en intelligence artificielle, avec lesquels on peut dialoguer en ligne en croyant parler à des personnes en chair et en os – c’est très facile aujourd’hui. Ils peuvent ainsi récupérer des informations confidentielles professionnelles, personnelles ou intimes ; les réutiliser pour du chantage ; ou séduire en connaissant ce qui plait le plus aux cibles ; ou bien encore en racontant à X les choses terribles que Y a pu dire. On monte ainsi les personnes les unes contre les autres et on casse le moral de toute une organisation. Tout ce que l’on peut faire dans les opérations clandestines humaines, mais là à un coût bien moindre et en fait plus systématisé et efficace. C’est distribué, algorithmisé et démultiplié dans l’impact. Et c’est très propre et assez invisible. Beaucoup d’entreprises chinoises ont gagné des appels d’offres comme cela récemment. Face à des compétiteurs totalement déstabilisés dans la phase finale.
— Mais… Je ne comprends pas. À ma connaissance, il ne m’est jamais arrivé quelque chose de semblable chez Regeot-Atal…
— Non, pas à vous directement, M. Comblay. Mais vous n’êtes pas sans savoir que votre prédécesseur à la Direction Numérique est parti après un burn-out, suite à de graves problèmes familiaux. Et que deux de ses successeurs éventuels n’ont pas été retenus parce que, entre autres, ils étaient très mal notés par leurs collaborateurs et subalternes, et cela s’est vu dans les résultats subitement assez médiocres. Nul ne doute que vous étiez un très bon candidat…mais il n’y avait plus beaucoup de concurrence quand le choix a été fait dans l’urgence, il y a six mois. »

François ne dit plus un mot. Il a parfaitement compris qui était « Charlotte de l’Ambassade ». Elle ne travaille pas pour le bureau des « nouveaux marchés ». Elle représente d’autres services : ceux qui ont l’ombre pour métier. Et si les propos de « Charlotte » sont avérés, les conséquences de cette attaque cognitive seraient terribles. Le Consortium Regeot-Atal serait frappé de plein fouet à la Bourse par le scandale : ils n’ont rien vu venir, comment pouvoir encore leur faire confiance ? L’entreprise est-elle d’ailleurs un nid à implants chinois ?… Et lui-même serait au cœur de la tourmente. Car d’après « Charlotte », c’est peut-être bien lui que le régime de Pékin a voulu « pousser ». Mais pourquoi ?

François remercie « Charlotte ». Il va réfléchir à tout cela. Mais il doit se rendre à son rendez-vous de signature prévu de longue date – avec son amie de dix ans, Julie Ke-Liang.

08:30 Salle du Conseil, Siège de Mimikan Soft, Quartier Xinyi, Taipei

Le père David Ke-Liang est là, ainsi, bien sûr, que sa fille Julie. Après de nombreuses formules de politesse, le contrat est signé avec des stylos à plume Montblanc, un rite de David Ke-Liang pour les projets importants. Celui-ci, la soixantaine, n’hésite pas à se faire grandiloquent pour l’occasion – il doit avoir l’habitude de porter les toasts officiels, en même temps que de faire les pitchs commerciaux. « Cher François, Mimikan Soft est fier de s’associer avec Regeot-Atal. La solution de middleware de Mimikan, intégré à l’ensemble des véhicules autonomes de Regeot-Atal, permettra une mise à jour silencieuse, parfaitement synchronisée et immédiate de centaines de millions de véhicules. Elle permettra également un meilleur contrôle de sécurité sur l’usage de tous les processus informatiques des véhicules Regeot-Atal. Ensemble, au-delà des parts de marchés déjà importantes que vous avez en Europe et en Inde, j’espère que nous pourrons conquérir le monde ! »

Mais quelque chose cloche. François est mal à l’aise. La même question le travaille. Si « Charlotte » a raison – alors pourquoi Pékin l’aurait poussé lui ? Une fois la petite cérémonie terminée, il demande à s’isoler avec Julie dans l’un des bureaux attenants.
« — Dis-moi, Julie… J’ai une question à te poser. Es-tu parfaitement sûre de toutes tes équipes ? Le middleware de Mimikan a des accès privilégiés assez puissants sur nos systèmes et bientôt sur la plupart des voitures Regeot-Atal. Tu imagines si une puissance étrangère parvenait à prendre le contrôle dessus, soit pour de l’espionnage… soit pour du sabotage de masse ? On pourrait faire accélérer et faire tourner à gauche des dizaines de milliers de voitures en Europe de l’Ouest ou en Inde…Ce serait catastrophique. »

Julie sourit.
« — Tu crois que notre annexe de développement à Shanghaï est infiltrée par des développeurs aux ordres du Parti Communiste Chinois ? ». Son sourire se creuse, ce qui met encore plus mal à l’aise François. « …Ou tu crois peut-être que moi, ton amie du campus de Stanford, qui est quand même un peu la raison pour laquelle vous avez choisi de signer pour Mimikan, parce que tout simplement tu me connaissais, donc tu crois peut-être que moi, Julie, je serais en fait un agent de Pékin ? »

Elle explose de rire, ce qui glace sur place François.

« — Allons, allons, François… », elle se fait taquine, « D’où te viennent toutes ces idées ? …. Bon, c’est vrai que Pékin est très agressif en ce moment. Ici, le reste des gens à Taiwan ne l’a pas encore compris. Ils rêvent encore à l’indépendance. Tant pis pour eux. Mais que veux-tu ? Pékin est le plus fort, je te l’ai dit. Et les responsables du Guoanbu, le renseignement chinois, sont bien plus malins. Et ils ont compris une chose très importante. C’est que la nouvelle guerre froide contre les États-Unis va se jouer là où se joue aujourd’hui la puissance. C’est-à-dire aujourd’hui les technologies numériques. Que celui qui gagnera, c’est celui qui les dominera. Et que, dans cette guerre, le champ de combat ne sera pas uniquement le détroit de Taïwan ou le Pacifique, mais aussi et d’abord le cyberespace. À savoir les réseaux informatiques, à commencer par ceux des entreprises. Et qu’au cœur de ces réseaux d’entreprises, il y a des généraux qui, et c’est le plus drôle, ignorent encore qu’ils participent à ce conflit ! Ces généraux, ce sont les directeurs informatiques ou les directeurs numériques, qui dirigent ces réseaux. Leur ignorance est la plus grande force de Pékin. »

François ne peut s’empêcher de trahir un tressaillement. Julie qui le sent se rapproche, rassurante, le prenant par la main comme ils avaient l’habitude de le faire quand leur binôme obtenait la meilleure note aux TD à Stanford.
« — Ne t’inquiète pas. Tout ira bien, François. Ta réussite, c’est aussi notre réussite. » Il surprend un effluve. Celle d’un parfum à la lavande que porte Julie. « À propos, tu as essayé notre casque de réalité virtuelle, François ? Tu as vu comme il pouvait dévoiler des anciens souvenirs, parfois cachés très profondément en soi ?… Le prototype s’appelle Mélissa. J’espère que tu as aimé. »

Il fait un pas en arrière, tétanisé. Julie continue à sourire, comme pleine de commisération, et sort de sa poche le stylo Montblanc utilisé il y a une demi-heure pour le contrat. Elle lui tend.
« —…Et n’oublie pas le stylo du contrat, François. Pour mon père, c’est porte-bonheur. Et c’est le signe que nous travaillerons bien ensemble à partir de maintenant. En parfaite harmonie. »

Guy-Philippe Goldstein

Guy-Philippe Goldstein est enseignant à l’École de Guerre Économique, ainsi qu’advisor pour le fonds ExponCapital et pour le cabinet PwC sur les questions de cybersécurité, cyberdéfense et de prospective. Il a également écrit plusieurs fictions prospectives sur les menaces futures pour le magazine Usbek & Rica, pour Sécurité & Défense Magazine, ainsi que pour le think tank Data & Society (NY). Il a participé et encadré l’équipe d’auteurs retenue par l’Agence d’Innovation de Défense lors de l’appel d’offres « Red Team des auteurs de fiction ».

Enfin, Guy-Philippe est l’auteur d’un essai sur la cyberpuissance, Cyberdéfense et Cyberpuissance au XXIième siècle (Balland), avec un chapitre prospectif sur la cyberdéfense en 2049 ; et il est également l’auteur de deux romans d’anticipation : Sept jours avant la Nuit (Gallimard) et Babel Minute Zéro (Denoël).

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