Peut-on encore, en 2023, lancer un projet SI sans se préoccuper de sa contribution à la RSE et de son impact Numérique Responsable ? Quelles sont les bonnes questions à se poser pour justement, engager un tel projet en toute connaissance de cause ? Et d’ailleurs, comment évaluer ces impacts a priori alors qu’il est déjà tellement compliqué de les mesurer en phase de RUN ?
La prise en compte des enjeux de la RSE est un sujet qui irrigue de plus en plus les instances de décisions des grandes organisations. Le rapport du Cigref « Politique RSE au sein de l’IT » (2021/2022) en fait mention, en abordant la question sous l’angle de la contribution de la DSI à la politique RSE de l’entreprise en particulier sur les thématiques sociales et environnementales, à travers la mise en place d’une stratégie « numérique responsable », dans les pratiques internes de la DSI, mais aussi au profit des autres directions ainsi que pour ses clients finaux.
Afin de mettre en pratique et décliner les recommandations de ce rapport, la prise en compte des enjeux RSE dans le processus d’engagement d’un projet IT nous est apparu essentiel. Cela fait même partie des prérogatives dans le guide de bonnes pratiques final du rapport susmentionné. C’est dans ce contexte que le Cigref a rassemblé ses membres autour d’une task force intitulée « Critères de décision RSE à intégrer dans le processus d’engagement des projets IT » pilotée par Julie Rudowicz, Responsable Domaine SI RSE, coordinatrice de la démarche Numérique Responsable chez Enedis et Serge Mercadier, Back Office and Energy Transition IT Manager à Enedis, afin d’élaborer de manière collaborative un outil d’évaluation qualitatif des critères RSE à intégrer dans les projets IT.
Cette réflexion opérationnelle, dédiée à la prise en compte des enjeux RSE dans la phase amont des projets IT, a été structurée à partir d’un modèle proposé par Enedis. Cet outil a pour objectif de permettre aux équipes projet de s’autoévaluer et de questionner les enjeux de RSE dès le lancement d’un projet IT. Les trois axes traités sont 1. Impact environnemental, 2. Impact social et sociétal, 3. Gouvernance.
La conviction partagée au sein du groupe de travail est que la RSE devrait pouvoir être prise en compte dans l’évaluation des projets de la même manière que l’objectif financier. Les participants ont cependant bien conscience que les projets doivent déjà répondre à plusieurs processus d’évaluation parfois longs et minutieux. Cet outil d’évaluation ne doit donc pas obérer la capacité à engager un projet IT. Il peut être utilisé, dans un premier temps, comme un outil de sensibilisation, dont la vocation est de susciter le questionnement et d’identifier des axes d’amélioration. Il convient de veiller à ce que son utilisation soit simple, compréhensible et accessible à tous.
Cet outil d’évaluation se présente sous forme d’un tableur excel à remplir et se décline comme suit :
- Un onglet “Mode opératoire” décrivant le mode de fonctionnement de l’outil ;
- Un onglet “Grille d’évaluation” intégrant la description des critères RSE et leur notation allant de 1 (faible maturité) à 4 (forte maturité) ;
- Un onglet “Synthèse et Graphique” calculé à partir de la grille renseignée avec une représentation visuelle des résultats des notations ;
- Un onglet “Commentaires” permettant de regrouper et visualiser l’ensemble des commentaires par axes RSE, et de formuler une conclusion générale ou un avis.
Cet outil est mis à disposition de tous, chaque entreprise est libre de l’utiliser et de l’adapter à son contexte, et il pourra faire l’objet d’un suivi,dans le cadre de l’activité du Cigref,pour identifier les principaux leviers et obstacles qui persistent afin d’améliorer l’outil, si besoin, de manière collégiale et itérative.