Au lendemain de sa 49ème Assemblée générale, le 15 octobre 2019, le Cigref publie le bilan de ses activités sur la période 2018 – 2019. Ce document institutionnel présente la vie de l’association, et revient sur les enjeux portés par les nombreuses activités (clubs, cercles et groupes de travail) réalisées au cours de l’exercice précédent. Orienté vers l’avenir, à la veille de ses 50 ans, c’est aussi l’occasion pour le Président du Cigref, Bernard Duverneuil, d’annoncer l’orientation donnée aux travaux futurs : pour un numérique durable, responsable et de confiance !
Un numérique durable, responsable et de confiance !
Édito du président du Cigref, Bernard Duverneuil (Rapport d’activités 2018 – 2019)
L’activité de notre association, au cours de ces 12 derniers mois, nous aura confortés dans notre appréciation sur les mutations numériques en cours au sein des grandes entreprises et des administrations publiques membres du Cigref. Ces mutations, sans pour autant ralentir, ne semblent plus s’accélérer, elles ont atteint une sorte de vitesse de croisière. Peu importe l’analogie, le constat apparaît largement partagé par notre communauté de praticiens du numérique. Non pas que les perspectives technologiques fassent défaut : nous sommes tous engagés dans des projets de transformation numérique qui modifient en profondeur les pratiques traditionnelles de nombreux secteurs d’activité. Et nous aurons à traiter dans les années qui viennent, avec toutes leurs conséquences sur les modèles d’affaires, sur les architectures techniques, sur la nature même de nos organisations, de nombreux sujets tels que, par exemple, l’arrivée de la 5G, la « plateformisation » de nos activités, l’émergence du edge computing en contrepoint du cloud, et à plus long terme les prémices de l’informatique quantique.
Mais nous sommes de plus en plus nombreux à voir poindre une exigence nouvelle, celle d’interroger les fondements mêmes des chantiers de transformation que nous pilotons, de porter un regard critique sur leurs promesses de création de valeur pour nos entreprises, de se confronter aux conséquences éthiques d’une certaine forme de panurgisme technologique. Nous ne ferons pas, dans le contexte actuel, l’économie de ces réflexions. Pour que nous soyons les acteurs du développement d’un numérique durable, responsable et de confiance, les défis à relever sont immenses, alors que les fonctions essentielles de nos grandes organisations ainsi que la très grande majorité de leurs processus sont désormais portées par des systèmes numériques, et que cette situation ne cesse de s’accroître.
Durable
L’actualité nous le rappelle désormais chaque jour, les prévisions concernant l’avenir du climat sont bien sombres. Il apparaît de moins en moins probable que l’humanité réussisse à s’affranchir des conséquences lourdes de ce changement climatique en préservant son modèle de croissance. Si la science et la technologie sont mobilisées pour tenter de fournir des solutions, elles ne pourront à elles seules enrayer le développement des scénarios les plus pessimistes. Il semble de plus en plus probable que nous soyons inéluctablement confrontés à l’exigence d’infléchir nos modes de pensée, de modifier notre façon de vivre et nos pratiques professionnelles. Nos métiers du numérique n’échapperont pas à cette exigence.
Responsable
Face à des fournisseurs de solutions et services numériques qui développent une offre toujours plus variée, un marketing toujours plus séduisant et des pratiques commerciales toujours plus agressives, nous avons une triple responsabilité. Tout d’abord celle de nous affranchir des effets de mode pour recentrer nos projets sur la création de valeur pour l’entreprise. Ensuite celle de penser les conséquences sociales des choix technologiques et de les anticiper, voire de les prévenir. Enfin, mais ce n’est pas nouveau, celle de garantir la continuité des services numériques qui portent l’activité de l’entreprise, ainsi que la maîtrise, tant technique qu’organisationnelle, de leur complexité.
De confiance
Si nous n’y prenions garde, nous pourrions nous trouver confrontés à une grave crise de confiance dans les services numériques qui sont mis à la disposition de nos entreprises, de nos collaborateurs et de nos clients. Nous avons déjà accompli un travail de fond en implémentant dans nos organisations le Règlement Général sur la Protection des Données à caractère personnel. Ce n’est pas suffisant. De nombreuses entreprises font régulièrement l’objet de cyberattaques dont la provenance et la responsabilité sont toujours difficiles à désigner. Tentatives d’escroquerie, activités de déstabilisation, guerre économique, la confiance s’effrite. Par ailleurs, les dispositions réglementaires adoptées par certains États plongent les entreprises européennes dans une situation d’insécurité juridique grave face à la protection de leurs données stratégiques. Dans ce contexte, les initiatives comme l’Appel de Paris, auquel le Cigref a apporté son soutien en janvier 2019, et qui tendent à faire émerger un droit international public du cyberespace, vont dans le bon sens. Mais il reste encore beaucoup à faire pour restaurer la confiance sans laquelle il n’y aura pas de développement harmonieux d’un numérique au service de la croissance de l’économie et de la modernisation de la société.
Nouvelle approche stratégique
Pour répondre à ces nombreux défis, le Cigref développe un nouveau cadre de réflexion stratégique afin d’éclairer la route à suivre pour répondre aux enjeux du « pari numérique », en référence à l’ouvrage « Le Pari informatique » écrit en 1968 par Pierre Lhermitte, Président-fondateur du Cigref. Cette nouvelle approche méthodologique nous permettra d’orienter les travaux que nous aurons à mener dans les années qui viennent. Il convenait en effet d’introduire plus de dynamisme et d’agilité dans la réflexion stratégique du Cigref.
A la veille de ses cinquante ans d’existence, le Cigref se met en ordre de marche pour relever les défis qui se présentent à chacun de ses membres, dans un environnement toujours plus incertain, afin de réussir le numérique dans une unique perspective, celle d’un nouvel âge pour un avenir meilleur ou a minima maîtrisé, celle de l’âge de raison.
Bernard Duverneuil
Président du Cigref