Au programme « Informatique et sciences du numériques »

Dans sa « Révolution permanente », Gérard Berry explique : « L’ouverture d’Internet a aussi profondément transformé l’industrie, en propulsant au sommet de nouveaux acteurs comme Google, en créant de très nombreuses entreprises dotées de nouveaux modèles économiques, et en détruisant littéralement l’industrie classique des télécommunications filaires, qui était restée intellectuellement très séparée du reste de l’informatique et de la notion de nomadisme. Son dogme était « la qualité garantie », donc exactement opposé à celui de « meilleur effort » qui sous-tend l’Internet et le portable. Malgré une certaine obstination, téléphone classique et Minitel n’allaient pas résister bien longtemps, et l’industrie allait aboutir progressivement à la situation actuelle. De tels basculements telluriques ne sont évidemment pas dus au hasard. Ils illustrent bien à quel point la puissance de l’informatique peut être sous-estimée, même par de grands acteurs dans ce domaine ».

Réfléchir ensemble « aux Entreprises Numériques » veut éviter autant que possible de sous-estimer cette puissance et son impact sur l’avenir des entreprises et plus généralement de l’économie.

La publication mi-mars de l’enquête Médiamétrie 2010 vient rappeler les profondes évolutions déclenchées par les technologies numériques. Quelques chiffres :

  • 19,3 millions de foyers français sont équipés de micro-ordinateurs, soit 71% des foyers
  • 43 millions de français utilisent un téléphone mobile
  • 10 millions de français sont équipés d’un Smartphone

Au-delà de ces chiffres déjà évocateurs, l’enquête constate les nouveaux usages notamment en différenciant « les internets » : fixe pour 38,3 millions d’internautes, et mobiles pour 15,3 millions de « mobinautes » utilisant smartphones et tablettes. La tendance va vers une « connexion permanente ». Où que l’on soit, on reste en contact avec ses réseaux sociaux, ses messageries, l’information… Le « web social » se taille la part du lion avec trois quart des internautes connectés en moyenne 5h30 par mois à des sites ou blogs communautaires, soit 1h20 de plus qu’il y a un an.

Quel est l’impact peut avoir cette évolution sur le modèle d’affaires de l’entreprise ?

Compte tenu de l’ampleur prise par les médias sociaux, ils deviennent un puissant levier marketing pour les entreprises et les marques. Qu’elles décident ou non d’être présentes sur le web, le « social shopping » se développe, les internautes échangent leurs appréciations et leurs intentions d’achats :

  • 44% donnent un avis sur un site marchand
  • 41% ont donné une note sur un site marchand
  • 28% ont donné un avis sur un blog / forum
  • 21% ont donné un avis sur un réseau social

L’impact ne se fait pas seulement au niveau de la communication et du marketing. Le numérique est présent dans tous les environnements quotidiens : télévision, automobile, objets communicants… cette présence interagit sur les moyens de communications, physiques jusque-là, mais plus pour très longtemps ! Les instruments de mesure, quel que soit leur domaine, tendent vers le tout numérique : caméras, imagerie médicale, télescopes… et par exemple, cette application considérée comme « inutile » lors de sa sortie sur le célèbre smatrphone d’Apple : « Seismometer » qui transforme l’appareil en un sismographe très précis. Des mesures qui, relayées en temps réel, sont susceptibles de donner de précieuses informations pour la prévention de catastrophes. Cette application a été conçue par un étudiant, doctorant en informatique, à l’origine pour servir de détecteur de mouvements pour les jeux vidéo. Quand la créativité s’associe à la science numérique…

Les emplois de l’entreprise numérique

Les perspectives économiques induites par ces évolutions ont redonné confiance aux entreprises sur le secteur des TIC, un optimisme qui devrait se traduire par des créations d’emplois. Quels seront les profils souhaités par les entreprises pour les emplois de demain, alors qu’il n’existe actuellement ni CAPES, ni agrégation d’informatique et de sciences numériques ?

L’informatique « fut élevée au rang de science, le 26 novembre 2009, en faisant son entrée au Collège de France, avec la leçon inaugurale du professeur Gérard Berry, père du langage de programmation Esterel ». Aujourd’hui, l’enseignement doit  s’orienter également vers les « sciences du numériques ».

Sollicité par de nombreuses associations, le Ministère de l’Education a lancé une consultation auprès des enseignants de lycées sur les nouveaux programmes de Terminale pour 2012. Parmi les enseignements concernés par cette consultation, on trouve « Informatique et sciences du numérique », une discipline qui ne concernerait que la Terminale « S » (à consulter sur Eduscol).

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Un commentaire
  1. EPI

    Consultation sur le projet de programme ISN de terminale scientifique

    L’association Enseignement Public et Informatique se félicite de la
    publication sur Eduscol du projet de programme “Informatique et Sciences
    du Numérique” pour la classe de Terminale S à la rentrée 2012 :
    http://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1103o.htm

    Chacun connaît les nombreuses initiatives prises par l’EPI en faveur
    d’un enseignement de l’informatique au lycée.

    Ce projet de programme comporte quatre grandes parties qui sont les
    domaines fondamentaux de la science informatique : Représentation
    de l’information, Algorithmique, Langages et programmation, Architectures
    matérielles (ordinateur, réseaux, initiation à la robotique).
    Les problématiques de nature sociétale, comme l’introduction aux questions
    de propriété intellectuelle et les licences logicielles, partie intégrante du
    programme, sont ancrées dans les contenus scientifiques.

    Ce projet de programme est en phase avec les propositions (approche et
    contenus scientifiques) que l’EPI et le groupe ITIC-ASTI-EPI ont faites pour
    le lycée (Seconde, Première et Terminale) :
    http://www.epi.asso.fr/revue/editic/asti-itic-lycee-prog.htm
    et avec les propositions “pour une formation des enseignants chargés de
    la spécialité Informatique et sciences du numérique en terminale S”,
    co-signées par J-P.Archambault, G.Berry, G.Dowek et M.Nivat :
    http://www.epi.asso.fr/revue/editic/asti-itic-prog-prof_1006.htm

    La consultation sur ce programme est ouverte du 7 mars au 22 avril.

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