e-G8 internet : « Einstein aurait adoré internet » !

Avant d’aborder une première rétrospective sur le déroulement de cet événement plusieurs fois qualifié « d’historique » au cours de la journée, rappelons qu’il avait pour objectif de « voir comment Internet, le numérique et la communication mobile peuvent accélérer la croissance dans les pays développés ». Pour bien planter le décor, il semble aussi intéressant d’observer que le poids de l’économie numérique en France représentait 4,7%  du PIB en 2008 (7,3% aux Etats-Unis) et son impact sur la croissance représente 26% en France, pour 37% aux Etats-Unis.

Autre élément du décor de ce premier  e-G8 de l’histoire, il se déroule aux Tuileries à Paris, et s’ouvre sur une salle comble de près de mille personnes, acteurs internationaux du monde de l’internet.

Le discours d’ouverture de Maurice Lévy
Président du Directoire de Publicis Groupe, Chairman du e-G8 Forum

« Tous sont présents, y compris des publicitaires ! pour discuter de l’avenir du numérique, de son impact sur nos économies et nos sociétés. Ce forum est historique, historique en premier lieu parce que ce tient dans 2 jours un sommet où les Chefs d’Etats et de gouvernements qui discuteront des problématiques de l’écosystème internet qui se développe à une vitesse jamais observée dans l’histoire humaine. Historique parce que ce secteur est un phénomène mondial : près de 2 milliards de personnes sont connectées à internet… plus que toute industrie le numérique abolit les frontières et crée une nouvelle donne qui n’épargne aucune sphère : la connaissance, la technologie, l’information, la création, l’innovation, la relation, l’échange, le commerce, l’économie, la communication, bref… la vie !

Ce qui rend ce forum exceptionnel, c’est la parole donnée aux acteurs économiques et sociaux du secteur, aux créateurs de contenus, aux puissantes plateformes ou simplement aux sociétés proche de l’innovation, aux inventeurs aux grandes sociétés comme aux petits acteurs, aux initiateurs de tendances, aux citoyens bloggueurs ou entrepreneurs débutants ou aux vigiles de ce bien commun qu’est internet. A eux de débattre librement, d’échanger, de dresser des constats et de proposer des idées. Redoutable honneur dont ils sauront j’en suis sûr se montrer dignes. A moment historique, responsabilité historique, car bien sûr il serait facile d’utiliser cette occasion pour se contenter d’assener quelques grandes vérités et de dérouler des clichés. Les vraies questions qui se posent, celles sur lesquelles nous devons nous pencher, c’est comment internet va contribuer à plus de création de richesse, de croissance, d’emplois de liberté. Comment aller plus loin, comment aussi être plus respectueux des autres, de leur création, de leur vie privée. Comment assurer un bon équilibre dans le partage de la valeur. Comment être à la fois libre des contraintes et responsable. Nous avons organisé des tables rondes et des ateliers pour débattre avec les acteurs les plus pertinents du monde entier et tous les participants pour tenter de trouver des pistes de réflexion autour des questions que nous nous posons tous.

Si nous voulons que ce forum soit une réussite nous devons nous poser ces questions de façon sincère et imaginer avec un esprit de responsabilité les pistes et les solutions capables de vous apporter à vous et aux Chefs d’Etats du G8 quelques éléments de réflexion et le point de vue des acteurs.

Tout ne sera pas résolu en deux jours, mais je suis convaincu que nous avons là une opportunité historique de faire avancer internet.

Il y a une citation bien connue d’Albert Einstein que j’aime beaucoup « l’imagination est plus importante que la connaissance », et à coup sûr, Einstein aurait adoré internet ! C’est tout à la fois le fruit de l’imagination des hommes et simultanément le lieu de partage de la connaissance, accessible à toute l’humanité. Tous ici nous avons un certain savoir, mais à présent il va nous falloir mobiliser notre imagination pour entrevoir collectivement comment internet se développera dans le monde de demain ».

Extrait du discours du Président de la République

« …Ne laissez pas construire de nouvelles barrières là où vous avez fait tomber les vieux murs de l’ancien monde. Ne laissez pas s’installer de nouveaux monopoles là où vous avez renversé des situations acquises qui paraissaient inébranlables. En donnant à chaque individu où qu’il soit et où qu’il parle, la possibilité d’être entendu par tous et en tous lieux, vous avez donné à chaque citoyen du monde un droit d’expression qui n’a jamais connu d’équivalent dans l’histoire. Ce progrès fantastique des pouvoirs de l’individu ne peut pas avoir été gagné aux dépens des droits de l’autre. Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée porter atteinte aux droits élémentaires de chacun à une vie privée, à une pleine autonomie.

La transparence totale, celle qui ne laisse jamais l’homme en repos, se heurte tôt ou tard aux principes mêmes de la liberté individuelle. N’oubliez pas que derrière l’internaute anonyme il y a un citoyen bien réel qui évolue dans une société, une culture, une nation organisée à laquelle il appartient et aux lois de laquelle il adhère. N’oubliez pas que c’est dans l’engagement de vos entreprises à contribuer équitablement aux écosystèmes nationaux que sera appréciée la sincérité de votre promesse.

Ne laissez pas la technologie que vous avez forgée porter atteinte aux droits élémentaires des enfants. Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée véhiculer le mal sans entrave ni retenue. Ne laissez pas cette révolution devenir un instrument aux mains de ceux qui veulent porter atteinte à notre sécurité, donc à notre liberté et notre intégrité. Vous avez permis à chacun, par la seule magie du web d’accéder d’un simple clic à toutes les richesses culturelles du monde. Il serait vraiment paradoxal que le web contribue à terme à les assécher… ».

Question de la salle au Président Sarkozy

En fonction de la manière dont fonctionnent les Etats, dont s’organisent les économies modernes, comment pensez-vous que les états puissent accompagner ce processus concrètement afin que le numérique devienne un accélérateur de croissance ?

Réponse du Président : « Ce n’est pas une question facile. Il y a deux choses qui sont assez faciles à faire, ou classiques en tout cas :
– l’investissement dans les infrastructures du numérique, pour la France nous avons décidé de mettre 4,5 millards d’euros, parce que sans ces infrastructures, quelle que soit l’ingéniosité qui est la vôtre, il n’y a pas de contact possible entre des millions d’internautes et vous.

– Deuxième élément, nous avons décidé de renforcer considérablement notre système d’information. Cela me permet de vous dire que pour la première fois dans notre histoire nos universités sont maintenant autonomes.

Infrastructures et formation, nous investissons sans compter dans ces deux domaines. Mais cela va beaucoup plus loin, parce que l’arrivée du numérique nous impose de nouveaux comportements. Je ne prendrai qu’un seul exemple, celui de la transparence. Cela fait longtemps que je pense que dans la gestion des Etats, il n’y a plus de secrets, tout se sait. Mais avec internet, tout se sait immédiatement. Cela change pour nous de façon considérable la gestion de nos Etats et de nos Gouvernements. Notre réactivité a dû s’accélérer de manière colossale, parce que toute décision est immédiatement mondiale, toute polémique est immédiatement mondiale, tout engagement économique a des conséquences dans tous les pays. Je suis persuadé qu’un Chef d’Etat qui était Chef d’Etat il y a 10 ans et le redeviendrait aujourd’hui ne reconnaitrait pas le pupitre pour diriger un Etat !

Enfin, et c’est tout le but de cette rencontre, nous essayons de profiter du potentiel de croissance exponentiel que vous représentez. On essaye de ne prendre aucune mesure qui pourrait tarir cette croissance, et de s’inspirer des dispositifs qui ont permis cette croissance. On n’est pas encore au bout. Mais je crois que pour tous mes collègues Chefs d’Etats et de Gouvernements c’est la même chose, on est dans l’écoute, on est en alerte, on hésite sur les décisions à prendre.

Par exemple en France, nous avons décidé la création d’un Conseil National du Numérique. Je me suis engagé avec les principaux acteurs du Net en France à ce que le Gouvernement ne prenne aucune décision sans solliciter leur avis. Alors, on peut être en désaccord, mais au préalable, ils donneront leur avis. Et en échange, ils se sont engagés à jouer le jeu du dialogue et de la responsabilité.

Je ne peux répondre définitivement à votre question. Peut-être que dans un an je pourrais répondre de façon plus précise. Là, on est dans le domaine de la découverte réciproque. On voit ces deux mondes, on essaye de les faire converger, sans perdre votre dynamisme et en même temps en vous faisant comprendre que vous ne pouvez pas vous exonérer de valeurs ou de règles minimums. C’est le point de rencontre et le point d’équilibre que l’on va essayer de trouver ».

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2 Comments
    • Nicolas

      Vous avez raison cette initiative est excellente pour l’image de la France mais aussi pour le monde de l’Internet !
      Cela dit chez nous quoi que l’on fasse il y a toujours des réactions. Et puis internet est un monde épidermique qui n’échappe pas à cette règle loin s’en faut…
      Attendons maintenant les échos du G8.

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