Est-il possible aujourd’hui pour une entreprise de concevoir son modèle d’affaires sans y intégrer une vision numérique ?
Poser la question est sans doute déjà y répondre. Pourtant, cette notion bouleverse quelques dogmes managériaux. Certes, on voit bien que le monde devient numérique, les outils sont là pour l’affirmer. Mais de là à ce que l’entreprise pense et projette sa chaine de valeur sur une vision numérique…
Au-delà de notre environnement quotidien de plus en plus numérique, les rapports de force géoéconomiques évoluent. Les technologies comme le très haut débit en mobilité, l’Ipv6, l’Internet des objets (M2M autrement dit « machine to machine »), vont radicalement transformer la société. Tous les secteurs économiques sont concernés. Les relations avec les clients, collaborateurs, partenaires seront profondément impactées.
Déjà, la montée en puissance des communautés interagissent profondément sur la relation à la marque. Facteur d’opportunité quand elles permettent une meilleure appréciation de la demande, ou de menace avec le risque de manipulation de l’information ou encore de perméabilité entre les systèmes d’information de l’entreprise et les réseaux externes.
Même si c’est à l’horizon 2020, l’optronique* devrait multiplier par 1 million la vitesse de l’information… les entreprises doivent s’y préparer dès maintenant !
Dans ce contexte où le temps s’accélère, une vision, un modèle d’affaires numériques, permettent d’accélérer le processus de création de valeur. Une plateforme numérique unifiée va optimiser les relations entre les acteurs. Le Pr. Omar El Sawy (Marshall School of Business, University of South
California, USA) reconnait 5 éléments clés pour réussir ce nouveau modèle d’affaires : la valeur de la proposition, l’interface humaine, la plateforme de services, le modèle d’organisation, la rentabilité.
Cette vision numérique permet un repérage des changements critiques qui s’opèrent dans l’écosystème numérique. Elle s’accompagne d’une évaluation fine qui donne aux dirigeants les moyens d’appréhender au mieux les mutations en cours ou souhaitables au sein de l’entreprise.
*Technique permettant de mettre en œuvre des équipements ou des systèmes utilisant à la fois l’optique et l’électronique.
Le dossier de synthèse du colloque “L’innovation numérique au service de la transformation des entreprises” ( 23 septembre 2010, Paris, La Défense) précise les cinq éléments clés pour réussir [un] modèle d’affaires numériques qui sont avancés par le Pr Omar El Sawy : “valeur, interface humain, plate-forme de services, modèle d’organisation, rentabilité”
“1. La valeur : tout modèle économique est basé sur une proposition qui est destinée à un secteur de la population.
2. L’interface humaine a une incidence importante sur la façon dont le modèle économique va se présenter.
3. La plateforme de services : Internet, GSM, etc. : existante ou ad hoc.
4. Le modèle d’organisation permet de gérer les relations aux processus et avec les partenaires.
5 La rentabilité : ce modèle doit être rentable pour tous les partenaires du projet, en ce sens que les revenus générés doivent être supérieurs aux coûts”.
Avant de commenter la pertinence de ce modèle, nous proposons notre propre lecture.
Parmi ces cinq éléments, les éléments 2, 3 et 4 adressent les composantes d’une entreprise
Les éléments 2, 3 et 4 font penser à un modèle en trois couches d’un systèmes d’information
(i) l’infrastructure technologique (Internet, GSM,…)
(ii) les applications qui capturent les interactions entre l’entreprise et ses parties prenantes (clients, partenaires,…)
(iii) les interfaces humaines
Les éléments 1 et 2 la finalité de l’entreprise :
(a) une proposition de valeur économique destinée au client
(b) une rentabilité pour les actionnaires / investisseurs qui attendent des “revenus supérieurs aux coûts”
Cette lecture qui n’engage que nous, amène deux questions :
peut on assimiler “valeur économique” et “valeur sociale” ?
peut-on parler de “rentabilité” pour une entreprise à caractère social (fondation, association “non profit”,…)?