Le Salon de l’Agriculture s’affiche numérique : d’un mythe à l’autre, reflète-t-il une bascule culturelle ?
Du mythe paysan…
Ce n’est pas pour rien que le Salon de l’Agriculture est le salon le plus prisé des Français ! L’agriculture, sans jeux de mots, fait partie de notre culture, de nos racines, du paysage mental de chacun de nous… Nous, adultes d’aujourd’hui, nous en avons une image traditionnelle, avec des agriculteurs aux volants de tracteurs, appliqués à tracer des lignes de cultures impeccables !
Certains d’entre nous ont même en mémoire des parents ou grands-parents paysans, armés de bèches, courbés pour ramasser pommes de terre ou haricots, et/ou entourés d’une nuée de gallinacés caquetants, sans oublier « veaux, vaches, cochons… » ! Pour beaucoup donc, le Salon de l’Agriculture est une piqure de rappel mémorielle et nostalgique. C’est souvent aussi l’occasion de faire découvrir aux plus jeunes, pour qui les œufs n’ont d’autre réalité qu’une boite alvéolée en carton, que l’œuf et la poule s’inscrivent sur la même trajectoire (même si l’on ne sait toujours pas qui est l’origine de l’autre !).
…Au mythe numérique !
Plus que jamais cette année, le Salon de l’Agriculture s’expose numérique, sur le thème de « l’agriculture en mouvement ». Au cœur d’une logistique à la mesure d’une population accueillie d’un millier d’humains exposants et de quelques 4000 animaux, ce ne sont plus seulement la paille, l’eau et le fumier qui sont à gérer, mais les réseaux et autres installations technologiques qui fleurissent de stand en stand !
Il faut en effet montrer comment fonctionne une salle de traite informatisée, exposer une ferme virtuelle, faire fonctionner des bornes interactives, des écrans 3D permettant aux visiteurs de s’installer virtuellement au volant d’une moissonneuse batteuse… Ou encore de voir pousser du gazon sous ses pieds ! On découvre au fil des allées qu’il n’est plus guère de machines agricoles qui n’embarquent des trésors informatiques, programmes ou non couplés à des satellites !
Et c’est sans parler des robots pour désherber, traire les vaches ou encore tondre la pelouse. Sans oublier les drones planant dans les airs pour analyser les besoins des sols, parcelle par parcelle, afin de réguler au mieux les apports en engrais ou en eau par exemple. Les drones permettent de cartographier les sols en fonction de leur nature, livrant ainsi de précieuses informations sur la façon de les enrichir…
A quand un Salon de l’Agriculture version « devoir de mémoire » ?
Alors, si l’Agriculture expose un visage numérique, est-ce pour séduire en surfant sur la vague des technologies connectées, ou est-ce la vitrine d’une agriculture en pleine mutation ?
Si l’agriculture entre de plain-pied dans le monde connecté, doit-on s’en inquiéter ou simplement remiser nos nostalgies paysannières ?
Est-ce que demain, nos descendances tranhumanisées devront se rassembler au sein d’un Salon de l’Agriculture « paysanne », non plus pour s’émerveiller des prouesses numériques des machines, mais pour cultiver le souvenir sur écrans 3D livrant des odeurs virtuelles de terre mouillée ou d’herbe fraichement coupée ?
Liliane
Citadine bluffée mais déjà un brin nostalgique !