Se passe-t-il un jour sans que quelques médias n’évoquent « la mobilité » ? Dit autrement : sans que l’on n’évoque l’usage exponentiel des objets numériques permettant de rester connecté avec le monde, en contact avec son univers professionnel, en capacité de travailler de n’importe où ! On commence d’ailleurs à parler véritablement de « bureau mobile », offrant au salarié la capacité à fonctionner d’où qu’il soit.
Depuis longtemps, les spécialistes du management ont noté que les technologies utilisées par les collaborateurs au sein de l’entreprise, avaient de notables incidences sur les stratégies managériales. On imagine donc bien que l’usage croissant des technologies numériques permettant cette mobilité impacte déjà fortement le management de l’entreprise. Mais cet impact dépasse les frontières du management, car la mobilité agit et fait évoluer tant les modes relationnels au sein de l’entreprise que ceux avec l’extérieur : partenaires, clients, fournisseurs…
Ce type de fonctionnement n’est pas un effet de mode. Il s’inscrit dans le prolongement de ce que l’on a appelé le « web 2.0 », et est de plus en plus apprécié, plébiscité, par les Français au travail (une enquête menée par ROOMn dans le cadre des « Rendez-vous de la mobilité numérique de Deauville »).
Les usages liés à la mobilité enflamment la « culture numérique » !
Qu’entend-on par « Culture Numérique » ? Selon l’anthropologue Britannique Edward Burnett Tylor, avant d’être numérique, la culture est « ce tout complexe qui comprend le savoir, la croyance, l’art, la morale, le droit, les coutumes, et toutes les autres capacités et habitudes acquises par un homme comme membre d’une société ». Appliquée à l’entreprise revisitée par le numérique, « ce tout complexe » n’est-il pas « l’ensemble des valeurs, des croyances, des comportements, des pratiques, des usages… susceptibles de caractériser l’entreprise et de la distinguer de celles qui ne le sont pas encore » ?
Les technologies de la mobilité, outre le fait d’influencer les usages, facteurs de cette nouvelle culture, contribuent à une dynamique de partage et d’ouverture identifiée en elle-même comme spécificité de cette culture numérique, telle qu’elle est décrite dans l’ouvrage du CIGREF ouvrage « Entreprises & Culture Numérique ».
Dans ce livre, le CIGREF explique également que « le travail en mobilité et ces technologies de la mobilité possèdent un potentiel d’innovation non négligeable pour les entreprises », faisant référence à l’étude « Les smartphones comme vecteurs d’innovation dans la coordination organisationnelle » menée par le professeur Namjae Cho1 dans le cadre du programme ISD de la Fondation CIGREF. Cette étude montre que « la coordination peut être considérée comme un concept global regroupant les notions d’intégration, de collaboration et de coopération ».
Certes, le Professeur Cho attire l’attention des dirigeants sur le fait qu’il faille « bien identifier les postes qui sont aujourd’hui fixes, mais qui sont amenés à devenir mobiles dans l’avenir […] et bien comprendre la nature des tâches avant de concevoir et d’adopter les différentes fonctions des bureaux mobiles ». Mais pour lui, cette mobilité bien comprise crée de nouvelles opportunités pour l’entreprise.
L’impact culturel de la mobilité numérique
Si la mobilité semble bien déjà faire intrinsèquement partie de nos attentes (a fortiori de celles des générations entrantes), elle force à repenser notre perception des rôles de chacun au sein de l’entreprise. En induisant une nouvelle forme de flexibilité, elle fait un problème d’une organisation structurelle rigide qui ne saurait pas évoluer.
La mobilité influence l’ensemble des marqueurs culturels de l’entreprise ou de l’organisation, que ce soit à travers les usages des objets connectés, mais aussi en affectant les mécanismes de coopération, de coordination et de décision au sein de l’entreprise. De fait, elle revisite la chaine de création de valeur, le partage de connaissances, l’émergence de l’intelligence collective.
« L’utilisation massive des outils du Web 2.0 a conduit à une évolution des pratiques sociales. Logique participative, collaboration, réseaux sociaux… ont contribué à l’apparition de nouveaux modèles de sociabilité…»
Génération Y et pratiques de management des projets SI.
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Lire aussi : La mobilité accélère l’entreprise numérique
1 Le professeur Namjae Cho enseigne le management des systèmes d’information à l’Université de Hangyang – Corée du Sud